Les âges du couple
Les couples qui durent franchissent différentes étapes de leur vie ensemble. Voici quelques-uns des moments déterminants.
D’abord, parlons de l’amour qui naît. D’une durée de deux à trois ans, cette phase est marquée par un idéalisme fusionnel. On se présente sous notre plus beau jour, on auréole le partenaire potentiel: on croit avoir trouvé notre «âme sœur».
L’homme est attentif et communicatif; la femme est admirative et réceptive. On vit des sensations intenses, des émotions fantastiques et on fantasme sur un avenir heureux. Le couple cimente sa relation; sa banque d’amour est pleine à craquer. Sauf que...
La lutte pour le pouvoir.
On dit de l’amour-passion qu’il est aveugle. Heureusement, la vie à deux rend la vue. Parfois brutalement. Les petits défauts, minimisés au début, grossissent. Le couple est toujours heureux, mais l’intensité s’atténue.
Chacun prend contact avec la personne réelle à la source de tant de sensations, d’émotions et d’espoirs. La certitude d’avoir conquis l’autre fait que chacun commence à exiger ce qu’il attend de son couple et à se présenter sous son vrai jour. Les différences deviennent souvent sources de différends.
Cette lutte pour le pouvoir est nécessaire: elle permet de savoir qui est réellement l’autre et à chacun d’affirmer ses objectifs conjugaux. À ce stade se joue l’avenir du couple: 50 % se séparent; de 20 à 30 % se résignent et s’endurent. À peine 20 % réussissent à stabiliser leur relation.
Le partage du pouvoir
Pour ces couples heureux, les différences deviennent sources d’enrichissement, de complémentarité. Par exemple, ils réussissent à faire un budget tenant compte de la sécurité pécuniaire de l’un et de l’insécurité de l’autre. Les deux sont plus souvent amants qu’ennemis intimes.
Les deux utilisent leur intelligence émotionnelle pour ne pas laisser leurs émotions négatives et leurs frustrations étouffer leurs émotions positives et leur joie d’être ensemble et de réaliser des projets communs et faciliter leurs projets personnels.
L’engagement
C’est à cette étape que le couple devrait se marier, car l’amour est maintenant basé non plus sur la passion, mais sur une véritable connaissance et acceptation de l’autre tel qu’il est dans ses ressources, ses sensibilités, ses faiblesses.
L’amour à ce stade devient un attachement, non plus une dépendance passionnelle. Attachement au style de vie original et unique (ce que j’appelle «culture conjugale») que le couple a su créer bien au-delà de ses crises et de ses désaccords. Face à leurs conflits, les conjoints ont fait grandir leur intimité et leur entraide. Ils sont devenus complices.
Ouverture sur autrui
Toute une vie est nécessaire pour arriver à cette sagesse que savent démontrer les couples heureux à long terme. Leur existence prouve que, malgré les difficultés de la vie à deux, il est possible de réussir là où la majorité a échoué. Ils se rappellent même leurs conflits antérieurs avec humour.
Les couples heureux deviennent un exemple pour leurs enfants, leurs petits-enfants et leur entourage.
