L’autodéfense pour survivre
Des instructeurs racontent les bouleversantes histoires de leurs clientes victimes d’agression
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Plusieurs survivantes d’agression se tournent vers les cours d’autodéfense pour surmonter leurs peurs et apprendre à réagir en cas d’attaque, témoignent des instructeurs.
L’histoire de la femme de 27 ans qui a été sauvagement poignardée par un homme tout juste sorti de prison alors qu’elle marchait dans la rue a fortement choqué le public le mois dernier. D’autant plus que l’agression semble avoir été faite sans motif.
Or, des histoires comme celle-là, l’instructeur André-Jacques Serei en a entendu des centaines à l’académie qui porte son nom. Plusieurs de ses clientes ont été victimes d’attaques, toutes aussi sordides les unes que les autres.
«Quand elles viennent ici, j’y vais à la dure, explique M. Serei, qui compte une trentaine d’années d’expérience. On hurle, on se pousse, on apprend à gérer notre adrénaline pour pouvoir mieux gérer une situation d’urgence.»
Selon l’instructeur, la solution est simple: il faut être extrêmement vigilant quand on marche dans les rues de Montréal. Le problème, selon lui, c’est que les femmes figent ou ne sont pas capables de dire non lorsqu’une situation dangereuse survient.
«On n’est plus à l’époque où un ours pouvait nous attaquer à tout moment, dit-il. On a totalement perdu notre instinct de survie.»
À titre d’exemple, M. Serei a déjà enseigné à une jeune femme qui avait été violée, couteau au cou, dans une ruelle de Montréal. Elle était si bouleversée qu’elle a fondu en larmes à sa première leçon.
Mériter d’être en sécurité
Pour Alexandrina Delage, instructrice à l’école Gotac, il faut d’abord apprendre à se bâtir une «valeur de soi». Elle estime qu’elle aura beau enseigner toutes les techniques du monde, si les femmes ne croient pas qu’elles méritent d’être en sécurité, elles ne se défendront pas.
«On défend nos enfants comme des lionnes, mais pourquoi, quand il s’agit de nous, on a honte et on a tendance à rester dans l’ombre?» se questionne-t-elle.
Des hommes qui suivent des femmes dans la rue, qui glissent leur main sous la jupe d’une passagère dans le métro ou encore qui agrippent la poitrine d’une piétonne: Mme Delage en a entendu de toutes les couleurs au cours de sa carrière.
L’une de ses clientes a souhaité suivre des cours d’autodéfense après avoir été violée par un inconnu qui était entré par effraction dans son domicile. L’agression a duré des heures, alors que ses enfants dormaient dans la chambre d’à côté, rapporte l’enseignante.