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La crise qui a vidé les régions

Depuis 10 ans, l’industrie forestière a perdu 31 200 emplois

Industrie forestière
Photo d’archives L’industrie forestière a perdu le tiers de ses emplois depuis 10 ans. Dans plusieurs municipalités des régions éloignées, il s’agit souvent de la plus importante industrie.

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TROIS-RIVIÈRES | En 10 ans, le Québec a perdu le tiers de ses emplois liés à l’industrie forestière, une crise qui continue d’affecter durement les régions.

La vitalité économique du village de Champneuf en Abitibi n’est plus ce qu’elle était depuis que l’usine d’Abitibi-Consolidated a fermé en 2005.

L’usine engageait 70 personnes dans une municipalité d’à peine 140 habitants. La fermeture de l’usine a également affecté les villages environnants.

«À Champneuf, on avait une épicerie et un restaurant, qui ont également fermé. Il n’y a pas assez de population pour faire vivre deux ou trois magasins», explique le maire, Rosaire Guénette.

Un emploi sur trois coupé

Ce cas, bien qu’extrême, illustre les difficultés de plusieurs municipalités au Québec, depuis le début de la crise forestière. L’économie de 250 municipalités québécoises dépend de la forêt.

En 2005, l’industrie forestière comptait 90 304 emplois directs en province. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 59 000 travailleurs forestiers, une baisse de plus de 31 200 emplois, surtout en région. Sans compter les milliers d’emplois indirects qui ont aussi disparu.

Le maire de Saint-Félicien au Lac-Saint-Jean, Gilles Potvin, pense que les prochaines années pourraient être déterminantes pour l’avenir des régions, particulièrement les plus éloignées.

Selon lui, il est temps d’assouplir certaines normes, pour diminuer les coûts de production et retrouver une compétitivité sur les marchés internationaux.

«Si la forêt ne va pas, moi, je ferme Saint-Félicien! Je perds mon cégep, je perds mon industrie touristique, je perds tout mon avenir! Comme une multitude de villes au Québec. Il faut reconnaître cet enjeu-là», dit-il.

Il déplore que certains groupes environnementaux et communautés autochtones mènent la vie dure à l’industrie. Il exige un retour actif des municipalités aux tables de décision.

Cette difficulté à être compétitif dans une industrie déjà en crise est également soulignée par le président du conseil de l’industrie du Québec, André Tremblay.

«Au Québec actuellement, compte tenu de tout ce qu’on a vécu, on a mis en place des réformes, des structures, des orientations qui ont eu un impact important sur la hausse du coût d’approvisionnement, qui représente près de 65 % du coût de fonctionnement des scieries.»

Point critique

Richard Lehoux de la Fédération québécoise des municipalités pense qu’il faut profiter d’un certain ralentissement de la crise pour favoriser et stabiliser le marché.

«On est à un point assez critique. S’il n’y a rien qui se fait, ça ne sera plus critique, ça va vraiment être catastrophique pour des municipalités dans toutes les régions», dit-il.

 

Emplois dans l’industrie forestière

  • 2005: 90 304
  • 2006: 86 013
  • 2007: 79 371
  • 2008: 72 615 
  • 2009: 68 082 
  • 2010: 64 417
  • 2011: 63 110
  • 2012: 61 376
  • 2013: 60 082
  • 2014: 59 051

 

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