Mourir dignement
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Dimanche dernier une femme de Québec a raconté au Journal les onze derniers jours de la vie de son mari à l’hôpital. Son récit me scandalise, parce qu’il contredit les promesses de la loi «mourir dans la dignité».
En détresse respiratoire, on admet l’homme dans une unité de médecine générale. Son dossier indique bien: phase terminale, cancer du poumon. Le département suit néanmoins ses protocoles: on le retourne régulièrement pour éviter les plaies de lit; on lui administre des antibiotiques au lieu de calmants; on le prépare pour le réexpédier à la maison et on passe la cireuse à plancher alors qu’il agonise.
Silos
Pas un des médecins du patient n’est appelé à son chevet. Les départements travaillent en silos. On ne lui donne une chambre individuelle que quelques heures avant qu’il expire, parce que la famille a elle-même convaincu une infirmière en soins palliatifs de venir le voir.
La veuve ne décolère pas. Le système de santé a traité l’homme de sa vie avec désinvolture, le néon dans le visage, dans le tumulte et le déni.
Pourtant, une publicité gouvernementale vante ces temps-ci la loi qui «assure aux personnes en fin de vie des soins de qualité et un accompagnement adapté à leur situation particulière». Le site internet promet «le respect de la dignité de chaque personne» et «des services empreints de compassion pour le patient et ses proches».
Dignité ?
La loi doit permettre aux mourants de choisir leur sortie. Parce qu’on ne veut pas inciter les agonisants à débarrasser le plancher rapidement, elle doit s’assortir de soins palliatifs respectueux. Il semble bien que le gouvernement soit plus empressé de les vanter que de s’assurer de les offrir!
Pour ajouter l’insulte à la blessure, la famille n’a même pas droit à des excuses, et devra arpenter le long et tortueux chemin de croix des plaintes officielles...