Bracelets pour délinquants: essayons!
Tous les jours, des délinquants chroniques sont cités en cour pour non-respect des conditions. On ne saisit jamais leur caution et on les incarcère rarement.
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L’avocat du présumé chauffard Yves Martin n’a pas convaincu le tribunal de libérer son client en attendant son procès pour avoir anéanti une famille en conduisant soûl.
Il promettait 100 000 $ de caution, une thérapie fermée et le port permanent d’un bracelet GPS détecteur d’alcool. Même si le juge estime tout cela insuffisant en l’occurrence, le concept du bracelet mérite réflexion. Quatre provinces canadiennes et la plupart des États américains l’ont adopté depuis 30 ans; le Québec renâcle toujours à cette méthode de contrôle des délinquants.
Nos tribunaux légitimement sceptiques ont rembarré plusieurs avocats qui le proposaient. Pourtant, le bracelet semble une méthode de contrôle bien plus efficace que de rares visites aléatoires et bien plus économique que la prison.
Mais aucun juge ne va prendre le risque. La solution doit venir du législateur et faire ses preuves.
Confiance restaurée
La remise en liberté avec bracelet ne devrait pas non plus permettre que le cas soit traité plus lentement, avec de multiples remises, au détriment de la mémoire des témoins et de la souffrance des victimes. Trop de causes s’étirent scandaleusement dès lors que le suspect n’est pas en prison.
Le bracelet hydrofuge se porte à la cheville, ne peut pas être détaché sans déclencher une alarme, prend un échantillon de sueur toutes les 30 minutes et transmet une alerte s’il contient de l’alcool. On sait en permanence où se trouve le détenu et s’il respecte les heures et les lieux autorisés. Là où on l’essaie, les délinquants suivent leur thérapie avec plus d’assiduité, et le public a une meilleure confiance en la justice... qui en a bien besoin!
Un détenu coûte 320 $ par jour. Le gugusse proposé pour Yves Martin, 25 $ par jour, facturés au délinquant! Mais la centrale de contrôle se trouve actuellement en Ontario et aurait envoyé un rapport toutes les deux semaines... avec pareil délai, adieu la prévention!
S’en foutre
Pourquoi le Québec ne semble-t-il pas vouloir au moins examiner cette solution? Le lobby de défense des droits civils, toujours plus visible et actif que le lobby des citoyens honnêtes, estime le gadget trop intrusif. Mais on sait aussi que beaucoup de délinquants se foutent éperdument de leurs conditions.
J’en ai croisé deux, l’autre jour: le juge venait de leur interdire de communiquer entre eux. Ils mangeaient sans vergogne un sandwich ensemble au casse-croûte voisin du palais de justice! Tous les jours, des délinquants chroniques sont cités en cour pour non-respect des conditions. On ne saisit jamais leur caution et on les incarcère rarement.
Si nul n’étudie sérieusement l’implantation des bracelets au Québec, est-ce parce qu’on craint d’engorger prisons et tribunaux tant les tricheurs détectés seront nombreux? Ou simplement par paresse et crainte des lobbys? Dans les deux cas, nous payons un prix trop élevé et servons d’appât aux délinquants indécrottables qui sévissent sans contrôle parmi nous!