Les jeunes se séparent à leur manière
Ils sont aidés par une vidéo obligatoire depuis peu
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La génération des jeunes parents se sépare à sa manière et arrive avec des idées bien arrêtées sur la garde partagée et la bonne entente pour que tout aille pour le mieux.
«Les jeunes d’aujourd’hui font ça tellement différemment. Ils arrivent prêts», observe l’avocate-médiatrice Diane Lalancette qui a délaissé le litige devant les tribunaux en 1987 pour se consacrer uniquement à la médiation entre parents.
«Souvent, les deux travaillent et ils nous disent: “Nous autres, on s’entend et on veut une garde partagée parce qu’on va se séparer”», indique-t-elle.
En 29 ans de médiation, la familialiste a rencontré en privé 8000 parents par groupes de deux et elle a été témoin de l’évolution de la société.
«Avant, il y avait le divorce et rien d’autre, avec des femmes qui étaient sans emploi et de gros problèmes de garde. Cela a beaucoup changé: on est à l’ère du jetable et le couple sait qu’il y aura autre chose après la séparation.»
Obligatoire
Depuis le 1er janvier 2016, tout parent, marié ou non, séparé depuis peu ou longtemps, doit obligatoirement participer à une visioconférence de groupe, gratuite, d’une durée de 2 h 30, et intitulée La coparentalité après la rupture, avant que le tribunal ne donne force à son arrangement. Les ex-conjoints ne sont pas en présence l’un de l’autre.
Après la séance, 58 % des participants choisissent d’entreprendre une médiation, en couple, avec une professionnelle accréditée, d’une durée de une à six heures. Ces rencontres sont gratuites pour les parents de mineurs ou d’étudiants de moins de 25 ans.
Les écrans de visionnement sont disponibles dans les palais de justice de Chicoutimi, d’Alma et de Roberval, ainsi qu’à Dolbeau-Mistassini.
«C’est clairement obligatoire depuis le 1er janvier et les juges nous ont prévenus qu’ils ne rendraient pas de décisions sans certificat de participation des deux parents à la séance de parentalité», assure Me Jane Grant, avocate familialiste depuis 1989. «Les gens craignent que ça retarde leur dossier, mais le Barreau régional a obtenu plus de séances à Chicoutimi et un point de service à Dolbeau pour plus de facilité.» Pour accélérer le passage devant le tribunal, elle a encouragé un client du Saguenay à se déplacer au Lac-Saint-Jean.
Même stratégie pour Me Nadine Daoud, qui a recommandé à un client de participer à une séance au plus vite, quel que soit le lieu. «Pour quelqu’un qui n’a pas beaucoup d’argent et qui attend une pension alimentaire pour les enfants, le temps presse», fait-elle remarquer.
Sauf urgence exceptionnelle, aucun juge de la Cour supérieure ne traite d’une question relative aux enfants (garde, pension alimentaire, études, école, garderie, etc.) sans confirmation de la participation à la séance de parentalité.
Au petit écran
Le psychologue Harry Timmermans apparaît au petit écran lors des séances de parentalité au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
«Il y a rupture et les gens ne comprennent pas tout de suite ce qu’il leur arrive, analyse-t-il.
«C’est trop dur une séparation sur le plan émotif et le choc est trop important pour le comprendre. Il y en a beaucoup qui pleurent lors de mes séances et il y a aussi beaucoup d’hommes en colère. Je m’adresse à leur intelligence et non à leurs émotions», explique-t-il.
«Nous leur faisons comprendre deux choses: qu’ils iront mieux après un certain temps et qu’ils sont parents pour toute la vie.»
Fort de ses 40 années d’expérience, M. Timmermans ne regrette pas l’époque des «divorces abominables».
«On cherchait un coupable et on s’affrontait pour la garde. C’était l’époque des détectives privés qui relevaient les plaques d’immatriculation devant les motels.»