Les médecins spécialistes gagnent 33 % de plus qu'en 2009
La moyenne des revenus annuels de ces médecins atteint presque 400 000 $
Coup d'oeil sur cet article
Les revenus des médecins spécialistes ont bondi de 33 % en cinq ans au Québec, et ce, même si plusieurs dénoncent le fait que les soins ne s’améliorent toujours pas dans le réseau.
«À l’heure où on se parle, c’est inacceptable, réagit Paul Brunet, président du Conseil de la protection des malades. Par rapport aux résultats attendus, les salaires sont démesurés.»
Près de 400 000 $
Depuis 2009, le revenu brut moyen des spécialistes est passé de 294 931 $ à 393 656 $, une hausse de près de 100 000 $ (+33 %), révèlent les dernières données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (voir encadré).
En 2014 seulement, la hausse annuelle moyenne se chiffre à 5,8 %. Et depuis deux ans, elle atteint 15 %.
Selon la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), ces hausses sont liées au rattrapage salarial avec le reste du Canada. Négociée avec le gouvernement jusqu’en 2021, l’entente prévoit des augmentations pour réduire l’écart avec les autres provinces.
«Il n’y a rien de nouveau, c’est toujours la même entente», a dit au Journal la Dre Diane Francœur, présidente de la FMSQ.
Selon le ministère de la Santé, ces hausses incluent le rattrapage, mais aussi d’autres facteurs (hausse du nombre de médecins et des actes posés).
Selon la FMSQ, le rattrapage varie selon les domaines, ce qui explique les écarts. En 2014, les psychiatres ont ainsi enregistré une hausse de plus de 12 %, montre la RAMQ.
Meilleur accès bientôt?
Questionnée sur ces hausses de revenus dans un contexte de longs délais dans le réseau, la Dre Francœur avoue qu’il y a un problème d’accessibilité.
«On a quatre groupes de travail pour améliorer l’accès en deuxième ligne, dit-elle. Si les ressources et les outils informatiques sont au rendez-vous [...], oui les gens vont être vus plus tôt.»
Pour M. Brunet, le problème n’est pas tant les hausses de revenus accordées, mais le fait que les médecins ne livrent pas la marchandise.
«J’exige que les patients soient assis à la table des prochaines négociations. On ne leur fait plus confiance. La prochaine fois, il faudra que ce soit pour les patients.»
L’écart se creuse
Par ailleurs, les omnipraticiens ont eu une faible hausse de 0,9 % en 2014, pour un revenu moyen brut de 242 604 $.
Mais ce qui inquiète la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, c’est l’écart avec les spécialistes, qui gagnent 62 % de plus.
«Ça me préoccupe que l’écart s’agrandisse, réagit le président, le Dr Louis Godin. Ça pourrait avoir des conséquences sur l’attractivité de la médecine familiale.»
Omnipraticiens | Spécialistes | |
2014 | 242 604 $ (+0,9 %) | 393 656 $ (+5,8 %) |
2013 | 240 538 $ (+1,6 %) | 371 972 $ (+9 %) |
2012 | 236 714 $ (+12 %) |
341 118 $ (+2,1 %)
|
2011 | 211 283 $ (+4,1 %) | 334 132 $ (+5,6 %) |
2010 | 202 972 $ (+3,1 %) |
316 439 $ (+7,3 %)
|
2009 | 196 786 $ | 294 931 $ |
Hausse de 23 % sur 5 ans
|
Hausse de 33 % sur 5 ans |
Source: RAMQ
Faits saillants du tableau
- Les radiologistes demeurent les mieux rémunérés de leur profession, avec un revenu moyen brut de 593 604 $. Mais la RAMQ indique que les dépenses inhérentes à leur pratique atteignent 70 %.
- Les médecins doivent déduire de leur revenu leurs dépenses liées à l’exercice en cabinet privé, estimées à 35 %.
- Il y avait 18 857 médecins au Québec en 2014, soit 402 de plus que l’année précédente. De ce nombre, on compte 8906 médecins de famille.
- Les psychiatres ont enregistré la plus forte hausse de revenu brut en 2014, à près de 13 %.
- Le salaire moyen des Québécois était de 42 490 $ en 2014, et avait augmenté de 2,8 % par rapport à 2013, selon l’Institut de la statistique.