Pauline Marois veut des CPE gratuits pour les enfants de 4 ans
Pauline Marois plaide pour ce scénario plutôt que la maternelle à temps plein pour tous
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Plutôt que d’offrir la maternelle à temps plein pour tous à partir de quatre ans, Pauline Marois propose que les centres de la petite enfance (CPE) soit gratuits pour les enfants de quatre ans.
Pour lutter contre le décrochage scolaire, la Coalition avenir Québec proposait récemment d’instaurer la maternelle à temps plein pour tous les enfants de quatre ans, qu’ils soient en milieu défavorisé ou non.
L’ancienne première ministre Pauline Marois, qui a piloté la création du réseau des centres de la petite enfance (CPE) en 1997, croit plutôt qu’il faut que ces enfants aient accès à des services de garde gratuits et de qualité dans les CPE.
Il s’agirait d’offrir de manière équitable «la gratuité pour tous peu importe le modèle, que l’on soit dans un CPE ou une maternelle 4 ans», explique Mme Marois lors d’une entrevue avec Le Journal. Habituellement discrète sur la place publique, l’ancienne première ministre a accepté de nous recevoir dans son bureau de la rue Saint-Jacques à Montréal, parce que ces questions lui tiennent à cœur.
Mme Marois avait aussi mis en place en 2013, lors de son bref passage au pouvoir, les premiers groupes de maternelle 4 ans à temps plein en milieu défavorisé.
Au Québec, seulement 65% des enfants de quatre ans fréquentent un service de garde. Lors de l’entrée à la maternelle, un enfant sur quatre est vulnérable dans au moins un domaine d'apprentissage, selon le Conseil supérieur de l’éducation.
Or pour permettre à tous de partir du bon pied, il n'est pas nécessaire d'opposer CPE et maternelle, affirme Mme Marois. «On devrait offrir les deux gratuitement. Que l’on garde ce que l’on a (les groupes de maternelle 4 ans déjà offerts en milieu défavorisé) et qu’on mette l’accent sur les CPE, qui seront l’alternative».
Le développement de la maternelle quatre ans pourrait se poursuivre dans les milieux où il y a davantage de résistance aux services de garde, à Montréal en particulier, ajoute-t-elle, puisque certaines familles immigrantes pourraient préférer que leurs jeunes enfants fréquentent l’école plutôt qu’un service de garde. Le programme éducatif pourrait alors être le même, que l’on soit au CPE ou à l’école.
La position de Mme Marois est pratiquement calquée sur celle du Conseil supérieur de l’éducation. Dans un avis rendu public en 2012, le Conseil affirmait que «l’accès universel et gratuit à des services de garde éducatifs pour les enfants de 4 ans, combiné aux services gratuits existants de la maternelle 4 ans, corrigeraient l’iniquité» qui persiste dans les services présentement offerts.
«Catastrophée»
En entrevue, Mme Marois rappelle par ailleurs que lors du dépôt de sa politique familiale en 1997, elle avait prévu faire des CPE de véritables pôles de services pour les familles, afin que tous les enfants qui les fréquentent puissent aussi avoir accès sur place à un psychologue, un travailleur social ou une infirmière du CLSC.
L’ancienne première ministre, qui a déjà dénoncée publiquement les compressions du gouvernement Couillard dans les CPE, se dit «catastrophée» de ce qui est advenu du réseau des services de garde sous le règne libéral, alors que les places en garderies privées se sont multipliées.
«C’est aux antipodes de la vision de départ et de ce qu’on a voulu faire avec les services à l’enfance au Québec, affirme-t-elle. Je pense que le modèle qui a été développé est intéressant. Le monde entier est venu le regarder, il y a juste les libéraux qui ne s’en sont pas rendus compte.»
AU FIL DU TEMPS
1997
Création des centres de la petite enfance (CPE) et des services de garde en milieu familial subventionnés pour les enfants de 0 à 4 ans à 5 $ par jour
2013
Création d’une cinquantaine de groupes de maternelle 4 ans à temps plein en milieu défavorisé
2015
Modulation des tarifs des services de garde qui varient de 8 $ à 20 $ par jour selon le revenu des parents
2016
Le gouvernement Couillard promet l’ouverture de 72 nouvelles classes de maternelle à temps plein en milieu défavorisé pour l’automne.