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Censure: bien bon pour nous!

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Nous voilà scandalisés parce que le gala des Oliviers a banni le sketch de Guy Nantel et Mike Ward. Nous l’avons bien cherché.

La réforme du Code civil, en 1994, a mis le droit à l’honneur et à la réputation en priorité sur la liberté d’expres­­sion. Depuis 20 ans, toute véri­té n’est pas bonne à dire si elle peut faire mal à quelqu’un.

Depuis 20 ans, nous laissons la liber­té d’expression aux mains d’avocats et d’amateurs de rectitude politique. Ils édulcorent les mots, alourdissent le vocabulaire, prétendent protéger individus et groupes contre toute écorchure d’amour-propre.

Avant

Avant 1994, un juge avait accordé un dollar de dédommagement à un type qualifié de bandit en ondes. Un autre avait autorisé un animateur à traiter d’insignifiant et de «moppologiste» un député, reconnaissant son droit à la caricature et à l’exagération. Un troisième avait réaffirmé le droit de harceler un politicien pour le forcer à répondre. Tous ces jugements seraient infirmés aujourd’hui.

Parce que les tribunaux civils sont lents et coûteux, on a mis en place des organismes de censure de pacotille: la Commission des droits de la personne, le Conseil canadien des normes de la radio, le Conseil de presse, l’Ombudsman de Radio-Cana­da, etc.

Peuple-enfant

On a laissé des cliques et les lobbys prétendre que le peuple, cet enfant dont il faut cacher les oreilles, ne peut pas tout entendre. Cela révèle un profond mépris du public: ce dernier aurait moins de jugement que l’élite bien-pensante et ne saurait faire la différence entre un gag et un discours raciste?

Les médias, devenus des business comme les autres, retraitent souvent sans livrer bataille. Même Radio-Cana­da, toute-puissante, cède son rôle à un agent d’assurance...

Voilà 20 ans que nous haussons les épaules, indifférents, chaque fois qu’un exagérateur professionnel est éjecté, puni.

Et puis, un jour, c’est notre tour!

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