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Les forces intérieures d’un conseiller financier

Quebec
Photo Le Journal de Québec, Stevens LeBlanc Gabriel Couture est atteint d’une maladie dégénérative appelée rétinite pigmentaire ce qui ne l’empêche nullement de réussir dans son métier conseiller financier.

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Lorsqu’il a appris, à 16 ans, qu’il deviendrait aveugle, Gabriel Couture s’est empressé de confiner la nouvelle dans un tiroir fermé à clé dans sa tête. Il s’est juré de faire son chemin, jusqu’à devenir un chef de file au Québec comme conseiller financier qui gère un milliard de dollars d’actifs.

Lorsqu’on rencontre M. Couture pour la première fois, dans un environnement qu’il connaît bien — son bureau —, on ne croirait pas qu’il est aveugle. Le patron du Groupe financier Stratège, de Québec, se déplace sans la fameuse canne blanche, se déplace avec aisance et entre dans son bureau avec assurance. «Si nous étions dans un lieu que je ne connais pas, ce serait très différent», me dit-il lorsque je le lui fais remarquer.

M. Couture souffre d’une maladie dégénérative appelée rétinite pigmentaire. Présentement, il voit comme à travers un voile lorsqu’il y a beaucoup de lumière, sans pouvoir distinguer les visages ni les lieux, décrit-il. Un jour, il ne verra plus rien. Une réalité dure, mais qui n’a jamais abattu cet homme d’affaires frondeur, ambitieux et, surtout, cet amoureux de la vie.

Au début de l’entrevue, et à quelques reprises par la suite, celui qui travaille avec des dirigeants d’entreprise insiste pour que le fond de l’article porte sur les affaires et son entreprise, pas sur son handicap. Parce que c’est ce qui le passionne, le rend heureux et le porte, en plus de ses quatre enfants qu’il adore.

M. Couture vient en effet de remporter deux prix visant à reconnaître ses résultats exceptionnels des dernières années, soit celui du plus grand volume d’affaires tous secteurs d’activité confondus en 2015, au sein du Réseau des conseillers indépendants de Manuvie. Il sera aussi le seul Québécois participant à la conférence Pinacle, événement qui reconnaît les conseillers les plus productifs du Canada.

Le plus particulier, c’est que, pendant toute une décennie, ses clients n’ont jamais su que M. Couture était aveugle. Il était persuadé de perdre ses clients à partir du moment où il commencerait à parler de sa problématique. Le hasard a fait le reste. On lui a demandé d’être président d’honneur de la Fondation des maladies de l’œil. Il a accepté, et c’est là, pendant son discours, que plusieurs l’ont appris.

Toute cette pression que s’était imposée M. Couture l’a alors quitté. Ce fut une grande libération. Et tous ses clients de l’époque sont toujours avec lui aujourd’hui. «Pas parce que j’ai un handicap, vous pouvez être sûre de ça, s’empresse-t-il de préciser, mais parce que je travaille fort et qu’ils sont satisfaits.»

Pour accomplir son travail en toute efficacité, M. Couture s’est doté de plusieurs outils technologiques et aussi d’une équipe extraordinaire dont il a gonflé les rangs afin de pallier les activités qui lui sont impossibles à accomplir en raison de son déficit visuel.

L’homme d’affaires a aussi embauché une aide à la maison, un majordome et chauffeur qui lui rend de multiples services, dont celui de l’accompagner dans tous ses déplacements, d’aller reconduire les enfants à leurs cours ou de faire des courses. Vous imaginez combien ça peut coûter... mais le plus grand coût à payer, pour M. Couture, se joue plutôt au niveau de l’indépendance et de l’orgueil.

Nombreux deuils

Le jeune homme a dû rapidement faire une croix sur certains rêves. À commencer par cette voiture qu’il rêvait de posséder, à 16 ans, âge où le cruel diagnostic est tombé. Dans les années qui ont suivi, il a obtenu un permis de bateau, dont les critères ne sont pas aussi sévères. Puis, un jour, en marchant sur son quai, il est tombé à l’eau. Sa vue s’était encore détériorée. Fini le bateau!

M. Couture pourrait envisager sa vie comme une succession de petits deuils à faire, mais il a plutôt choisi de se centrer sur ses aspects plus positifs. Il sait qu’il pourra toujours faire plein de choses magnifiques. Ses performances en affaires prouvent sa détermination.

Et n’allez surtout pas croire qu’il va s’arrêter là. «Là, le défi, c’est vraiment d’apprendre à relever mes forces intérieures, pour être capable de faire encore de plus grandes choses.» Comme leçon de vie, j’ai rarement vu plus beau.

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