Vente d'alcool: les québécois ont payé 215 millions $ plus cher qu'en Ontario
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Les Québécois ont payé leur vin 219 millions $ plus cher qu'en Ontario, l'an dernier, a découvert la Vérificatrice générale du Québec.
La politique d'augmentation des prix de la SAQ est dégressive, ce qui veut dire que plus une bouteille est chère, moins son prix augmente une fois sur les tablettes. Par exemple, une bouteille vendue 9,85$ a fait l'objet d'une augmentation de 131% alors qu'une bouteille vendue 35$ a été majorée de 70% par rapport au prix de base.
En Ontario, la Régie des alcools majore ses prix de façon linéaire de 71,5%, par rapport au prix de base. Si La SAQ imitait sa voisine, elle aurait encaissé 219 millions $ de moins l'an dernier, a observé la VG Guylaine Leclerc, à l'occasion de la présentation de son dernier rapport.
La politique d'achat de la SAQ a fait sourciller la VG. Dans ses appels d'offres, la SAQ ne détermine pas ses besoins en fonction des prix du gros (prix chais, au sortir de la cave à vin) mais en indiquant une fourchette de prix de détail à l'intérieur de laquelle elle souhaite vendre la bouteille.
La VG donne l'exemple d'une bouteille de 750 ml que la SAQ souhaiterait vendre entre 13,95$ et 17,45$ pour générer des ventes de 1,2 million $.
Au moment de la transaction, le fournisseur se voit remettre une calculette par la SAQ pour déterminer son prix. «Si le vin qu'il a à proposer avec la calculette donne 5$, mais que lui l'aurait vendu 4,50$ et qu'il le propose à 4,50$, la SAQ va le rejeter. Cette structure de prix d'achat ne favorise pas l'économie (...) La SAQ n'a pas intérêt à payer le meilleur prix parce que ça lui permet de faire plus de profits», a précisé Guylaine Leclerc, en conférence de presse.
La VG a donc découvert le paradoxe suivant, une structure du prix d'achat basée sur le prix de vente et une structure de vente basée sur le prix d'achat (prix de gros). La politique de fixation des prix de la SAQ lui a permis d'augmenter ses revenus de 64% au cours des 10 dernières années. La société d'État a versé 1,6 milliard $ au gouvernement, en 2014-2015, sous forme de dividende et de taxes.
Monopole
Au Salon bleu, le député caquiste François Bonnardel a demandé au ministre des Finances Carlos Leitao s'il entendait mettre fin au «monopole» de la SAQ. «La SAQ profite de son statut de monopole pour faire payer davantage les consommateurs (...) Est-ce que le ministre des Finances réalise qu'il est urgent d'ouvrir le marché de la vente d'alcool et de mettre fin au monopole malsain de la SAQ?», a demandé le député de Granby.
Carlos Leitao a indiqué que le gouvernement étudie la possibilité de mettre fin au monopole de la SAQ. «Une réflexion importante sur le modèle d'affaires de la SAQ est en train de se faire.» M. Leitao a précisé qu'une baisse de prix des bouteilles vendues par la SAQ n'était pas sur l'écran radar de l'État.