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Enfants transgenres: prudence

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«J’en parlais avec mes amis trans à l’école...» Ces paroles prononcées nonchalamment par un adolescent trans à la télévision m’ont fait sursauter.

Une gang de trans à la même école? Comment cela est-il possible alors qu’on estime à 0,3 le pourcentage d’humains souffrant de dysphorie du genre, le terme médical qui désigne le fait de s’identifier à un genre différent du sexe biologique?

Une mode ?

Serions-nous en présence d’une nouvelle façon pour certains jeunes, inspirés par la théorie du genre (s’identifier homme ou femme serait une construction sociale et non biologique) de faire un pied de nez au système? D’une guerre contre l’establishment? Ou simplement d’une phase?

Nous aimerions bien le croire, parce que c’est plus facile à gérer, parce que certains en ont ras le bol de se faire imposer des revendications qu’ils ne comprennent pas, parce que le fantasme des familles conventionnelles a la vie dure.

Et puis se pointe Derek, six ans, qui répète depuis qu’il sait parler qu’il est une fille. Son nom sera officiellement changé pour Rosaly. C’était dans Le Journal hier.

Si la tendance se maintient, plus tard, il prendra des hormones qui annuleront les effets de la puberté et, à sa majorité, il pourra être candidat pour une «réassignation sexuelle» complète ou partielle. Dans l’espoir de vivre en paix avec lui-même pour le restant de ses jours.

Science imprécise

La science sait très peu de choses sur le transgenrisme, la transidentité, le transgénérisme. Même le vocabulaire demeure fluide. Mais elle sait que Derek-Rosaly ne ment pas. Ce qu’il ressent est authentique et que la souplesse de ses parents est indiquée, tout en évitant de poser des gestes irréversibles pour l’instant.

La science croit savoir – à partir de statistiques incomplètes parce que le phénomène est trop récent – qu’environ 75 % des enfants trans deviendront cisgenre à la puberté, le mot qui décrit les personnes en harmonie avec leur sexe à la naissance. Et qu’environ la moitié de ce nombre deviendra homosexuelle ou bisexuelle plus tard.

Les militants LGBT rejettent ces données et refusent les questions qu’ils estiment non pertinentes, selon leur grille d’analyse. Pour en avoir croisé quelques-uns, ils n’entendent pas à rire. Je peux comprendre face à autant d’hostilité, mais ce débat d’une complexité inouïe ne leur appartient pas en exclusivité.

Les solutions qui reposent sur une idéologie ne tiennent pas compte que chaque humain est différent. Trans, cis, two-spirit ou je ne sais quoi.

Vies difficiles

La violence, la haine, le chômage font partie du quotidien de bien des trans.

Les Suédois ont mené une étude de 30 ans sur la vie de 364 personnes transgenres: le taux de suicide, même dans un pays aussi ouvert, était de 20 %.

Ce n’est pas en prétendant que les problèmes n’existent pas, que le commun des ours est prêt pour ces réalités nouvelles, que la société pourra offrir à Rosaly, et à «sa gang de trans» une chance réelle de trouver la sérénité un jour.

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