Donner naissance dans un centre de réadaptation en dépendance
Le fait d'être entourée de ses deux enfants dans un centre de réadaptation en toxicomanie permet à Sophie Barrette de travailler le lien d'attachement qui les unit, alors que la drogue l'en avait éloignée.
La femme de 37 ans fait partie du programme mère-enfant du centre Portage, qui fête cette années ses 20 ans. Il est le seul centre au Québec permettant de faire une cure de désintoxication aux côtés de ses enfants.
Si elle a choisi cet endroit, c'est qu'elle peut rester avec ses enfants pendant sa cure et évoluer auprès d'eux, un jour à la fois, avec tout le soutient à la famille qu'on y trouve. Elle y a d'ailleurs donné naissance à son bébé de sept semaines.
Ce sont ses enfants qui lui permettent de rester accrochée pour un avenir meilleur, après huit ans de consommation. Aussi, s'entourer de femmes qui vivent la même expérience qu'elle était important dans son choix.
«J’ai survécu toutes ces années dans la désorganisation.Aujourd’hui, je vis», témoigne-t-elle, son bébé collé sur sa poitrine.
«On fait des sorties extérieures avec les enfants, on prend le temps de respirer l’air de l’été. Avant, l’été, c’était les gens qui boivent et consomment, les bars, les after-hours. Maintenant, ça a une signification complètement différente. C’est en plein-air avec les enfants et je profite de tous les petits moments.»
Le centre est né du constat que les mères toxicomanes sont réticentes à demander de l'aide, de peur de perdre la garde légale de leur enfant. Aussi, les laisser à quelqu’un d’autre pour entrer en thérapie peut devenir un obstacle à recevoir de l’aide.
Trois mois de grossesse
Sophie Barrette a arrêté de consommer des amphétamines au troisième mois de sa dernière grossesse.
Pendant qu’elle passe du temps avec son bébé naissant et reprend le contrôle sur sa vie, son fils de cinq ans va à la garderie du centre, pour faire des activités comme en société.
«J’ai allaité mon premier enfant en prenant du speed et j’ai fait de mauvais choix, témoigne Sophie Barrette. Je l’ai mis en danger, car je minimisais ma consommation. Par la suite, il a été exposé à mes humeurs, mes émotions instables et ma fatigue.»
Stabilité
La stabilité et la routine au centre ont aidé le fils de Sophie Barrette à se rapprocher de sa mère.
«Je prends plus de temps avec lui et j’ai plus de patience. Lui, il sait plus comment me parler. J’avais quand même de bonnes compétences parentales. Mon fils a repris confiance en moi et ça a juste renforcé nos liens.»
Moments en famille
Communicative et enjouée, Sophie Barrette ne voyait plus rien de positif à la vie lorsqu’elle est entrée à centre de désintoxication, situé dans le Sud-Ouest, il y a six mois.
La femme qui réside à Gatineau dit reprendre gout à la vie et sait désormais apprécier les moments en famille, ce qui était ardu auparavant. Elle se recentre sur elle-même et son enfant à travers les étapes de son cheminement.
Elle témoigne avoir maintenant la preuve qu’elle peut ravoir du pouvoir sur sa vie. Elle veut reprendre ses études en techniques de santé animale, dès septembre, au cégep.
Depuis sa création, plus de 1400 mamans et leurs enfants ont pu profiter de ce service gratuit, payé à 85 % par le gouvernement et 15 % par des donateurs.