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La force de se relever



C’était l’été, les vacances et ce qui vient avec. Une ville qui tourne au ralenti, somnolente. Le fond de l’air était frais, confortable, mais le ciel était lourd. Pesant. De la pluie, beaucoup de pluie.

La météo est souvent la prémisse de toutes les conversations, mais cet été-là, le niveau de l’eau des rivières l’était tout autant.

Tout à coup, la rivière aux Sables est devenue un sujet d’intérêt. Préoccupant. Pour autre chose que sa couleur ou sa température.

En milieu d’après-midi, les autorités sont venues cogner à la porte de mes beaux-parents. Prudemment, on nous demandait de changer d’endroit ou, à tout le moins, de rester alertes, de surveiller l’évolution des choses.

Pour évoluer, elles ont évolué. Deux jours plus tard, la moitié d’un immeuble à logements installé dans le quotidien des voisins depuis des lustres baignait au fond de la rivière, laissant l’autre moitié de l’immeuble, éventré, coupé en deux, vacillant dangereusement au bord du fossé créé par la force de l’eau.

La peur s’est installée

L’instant d’un week-end, la peur s’est installée. Le murmure d’une nouvelle averse, la rumeur d’une autre maison partie à la dérive, laissaient craindre le pire.

À la télé, les images de maisons frappées par les torrents d’eau défilaient l’une après l’autre. Et des gens – beaucoup de gens - qui pleuraient, qui se désolaient, qui se consolaient. Sans oublier cette petite maison blanche – devenue le symbole d’un drame –, qui attirait sur elle tous les projecteurs par sa force et sa résistance aux affronts de la nature.

Cet été-là, des gens de la région ont perdu une maison, leurs économies, des souvenirs, les racines de leur vie. D’autres ont perdu leur innocence. Leur insouciance. À partir de cet été de 1996, les gens du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont compris que ça n’arrive pas qu’aux autres.

Aujourd’hui, tout a été nettoyé, effacé, mais les cicatrices sont toujours là, et c’est précisément de ces marques du passé – indélébiles dans la mémoire collective - dont il est question entre les pages de notre cahier spécial publié aujourd’hui.

Les drames comme ceux-là méritent d’être rappelés à la mémoire collective pour que l’on se souvienne à tout jamais qu’avec la peur vient aussi une force surhumaine, qui se décuple et trouve sa beauté lorsqu’elle sert à se relever.

 







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