Le déluge 20 ans plus tard: un univers qui s’écroule
Madame Pearson a dû refaire sa vie et repartir à zéro
Pearl Pearson n’a pas perdu que sa maison et ses biens lors du déluge, c’est tout son univers qui s’est écroulé. Vingt ans plus tard, celle qui a mené le recours collectif contre Abitibi-Consolidated a refait sa vie, déménageant 18 fois au sein de cinq provinces et changeant d’emploi à 12 reprises.
Pearl Pearson a habité durant 13 ans une magnifique résidence située le long de la rivière Ha! Ha!, à Ferland-et-Boileau. Mariée et mère de quatre enfants, la femme occupait un emploi stable et menait une vie paisible. C’était jusqu’à l’été 1996, lorsque les inondations ont forcé son évacuation et celle de sa famille, en hélicoptère.
Sa maison, elle, n’était plus. «On avait emprunté pour faire un vrai sous-sol en béton. On venait de poser le bois franc, je venais de descendre les vêtements et les souvenirs des enfants dans le sous-sol. Je n’ai jamais rien revu: ç’a été rempli de boue au complet», lance celle qui réside maintenant en Alberta.
La boue a aussi envahi le rez-de-chaussée, l’eau est montée jusqu’à l’étage. «Ç’a été une perte totale», se désole-t-elle. Sa maison a été évaluée à 225 000 $ en 1996 par un expert. Elle a reçu 65 000 $ lors du recours collectif contre Abitibi-Consolidated et le même montant du gouvernement, qui a dégagé un fonds d’aide.
«On n’est pas reparti à zéro. On est repartis dans le moins», plaide Pearl Pearson qui, à la suite d’une entente gouvernementale, a cédé son terrain pour 1 $ à la Ville, qui a démoli sa maison. Pour se remeubler et se revêtir, c’est la Croix-Rouge qui est intervenue. Ses assurances? Pas un sou.
«Lucien Bouchard avait dit que le déluge était Act of God. C’était vraiment écœurant d’entendre ça. Il venait de blanchir Consol, Alcan et le gouvernement», déplore-t-elle, alors qu’Abitibi-Consolidated et le gouvernement ont été forcés de verser des sommes aux sinistrés, puisqu’ils géraient des barrages.
Nouvelle vie
Après le déluge, la dame et sa famille ont emménagé à Chicoutimi. En 2000, ils ont quitté la ville, s’installant à Drummondville. Pearl Pearson a commencé à tourner la page. «Je me suis séparée en 2004, on était rendus trop différents», dit celle qui fait aujourd’hui preuve de sérénité face à ces événements.