Le déluge 20 ans plus tard: près d’un siècle d’histoire submergé
En plus de perdre la boulangerie familiale tout juste avant son centenaire, les Simard ont dû abandonner leur maison qui se trouvait au deuxième étage. Pour cette famille, le déluge a brisé leur vie à tout jamais.
Gaétane avait rangé ses boîtes de souvenirs au sous-sol. Elle ne voulait plus rien savoir du déluge, tout comme son père Edmond Louis Simard, âgé de 92 ans. Lorsqu’elle pense à la tragédie, la dame pleure. Ils étaient toute la famille au chalet lorsque le coup d’eau a arraché le bas de la ville de La Baie.
Les larmes aux yeux, Gaétane a raconté au Journal tout le malheur que le déluge du Saguenay a entraîné avec lui. Elle avait racheté la boulangerie à son père quelques années auparavant. Son fils avait même promis de continuer l’aventure après elle.
Gaétane, son mari et ses enfants vivaient au-dessus du commerce. Même chose pour son père et sa mère. Edmond Louis avait vendu, mais il se levait chaque matin pour travailler. Ça sentait les beignes au miel dans le quartier. Les beignes les plus populaires de la région.
Lorsque l’eau s’est retirée, tout a été condamné. Ils devaient démolir le bâtiment. «C’était impossible de retourner vivre là-dedans. On avait plus de travail et plus de logements.»
La famille devait se retrousser les manches et recommencer. Sans revenus, elle et son mari n’avaient presque plus d’argent. «On a essayé de trouver un moyen. On a pigé dans nos REER», mentionne Gaétane, ce qui leur a permis de s’acheter une petite maison.
Faillite
La famille voulait ensuite reconstruire la boulangerie, ce qui n’a pas été de tout repos. Ils ont dû s’installer ailleurs, selon les nouvelles normes mises en place à la suite du déluge grâce à des programmes gouvernementaux. La grande ouverture a eu lieu deux ans après le déluge. Toutefois, les coûts du nouveau loyer étaient énormes, les taxes avaient grandement augmenté. La famille n’y arrivait plus. Ils ont finalement fait faillite et laissé le commerce aux créanciers.