Coupures dans les Centres jeunesse: la paperasse au détriment des jeunes
Avec 14 M$ de compressions en 5 ans, les intervenants du centre jeunesse de Montréal seraient débordés par l’augmentation des tâches administratives au détriment des services directs avec les jeunes.
«Quand on pense à la réservation de locaux, organiser un transport ou un tribunal, commander la nourriture dans l’unité, calculer combien de draps à fournir et sous-vêtements qu’on doit acheter pour les nouvelles admissions, ça nous enlève du temps pour gérer les crises et aider les jeunes», clame Julie Perron-Hamilton, vice-présidente du syndicat des employés du centre jeunesse de Laval, dont la situation serait familière avec celle de Montréal et du reste du Québec.
Enquête provinciale
Une enquête menée auprès de 2000 répondants à travers 14 régions du Québec, dont 675 à Montréal, indique que pour 71 % d'entre eux, les multiples formulaires à remplir et autres exigences administratives constituent des obstacles majeurs à la qualité de leur travail auprès des jeunes.
«Les tâches administratives représentent trois à quatre jours dans une semaine de travail», précise Sylvie Théorêt, du Syndicat du centre jeunesse de Montréal.
Des impacts sur les fugues
«Je peux vous dire que nos jeunes ne reçoivent pas les services adéquats et s’ils les recevaient, probablement qu’il y aurait moins de fugues, si on pouvait passer plus de temps avec eux», indique Julie Perron-Hamilton.
Difficile de créer un lien
Un trop grand roulement de personnel et des congés de maladie ne permettraient pas de créer un lien durable et de confiance avec les jeunes.
«Ces jeunes-là ont des troubles d’attachement, des carences affectives, et ils doivent changer d’intervenants, ce qui leur rajoute un abandon, ajoute Mme Perron-Hamilton. Si les jeunes ne sont pas capables d’établir un lien avec nous, parce qu’il y a trop de roulement, on ne fera rien avec eux.»
En mars dernier, le vérificateur André Lebon avait fait un lien dans un rapport remis au gouvernement entre l’augmentation du nombre de fugues et les coupes budgétaires dans les centres jeunesse.
La ministre déléguée à la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, affirme bien connaître les préoccupations exprimées par les représentants syndicaux. «Nous partageons l'objectif de réduire la bureaucratie afin de maximiser les services», a-t-elle répondu.