Paralysie au ministère de l’Enseignement supérieur
Les iniquités dans le financement des universités subsistent
Le ministère de l’Enseignement supérieur n’est pas en mesure de corriger les iniquités dans le financement des universités, a appris Le Journal.
Les travaux entrepris il y a deux ans pour revoir la grille de pondération pour le financement des universités sont paralysés depuis un an, ont confié plusieurs sources du milieu universitaire. «Les personnes qui s’occupaient du dossier au ministère sont parties», a confié un ex-employé du ministère sous couvert de l’anonymat.
«Le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) n’a pas les capacités internes pour assurer le pilotage de ces travaux», confirme Lyne Sauvageau, vice-présidente à l’enseignement et à la recherche pour le réseau de l’Université du Québec, qui participait aux travaux.
L’expertise pour mieux répartir le financement universitaire est soit partie à la retraite ou s’est intégrée au réseau universitaire. «De ceux qui ont modifié la grille de pondération en 2005, il n’y a plus personne, a confié un expert consulté par Le Journal. Plusieurs personnes sont rendues dans le réseau universitaire, d’où la méfiance du ministère.»
Pas de réunion du comité
En 2014, le MES a d’ailleurs fait appel à un employé retraité de la défunte Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) pour le conseiller dans le calcul du financement universitaire. Guy Girard avait été embauché par l’École des hautes études commerciales (HEC) pour être prêté au ministère et faire le travail.
«Le ministère n’avait pas d’argent pour le payer», a précisé une autre source. Le comité dans lequel travaillait M. Girard ne s’est pas réuni depuis un an.
Le Journal rapportait, le 26 septembre, que les quatre universités disposant d’une faculté de médecine s’étaient enrichies de plus de 350 millions $ depuis 2005, pendant que les autres s’appauvrissaient sous le coup des compressions.
Aujourd’hui, le Québec a un surplus de médecins, a déjà déclaré le ministre de la Santé Gaétan Barrette, et les universités qui n’offrent pas la médecine crient famine. «On a de moins en moins de ressources pour faire face à des exigences de plus en plus élevées. On embauche des chargés de cours», craint Lyne Sauvageau.
« Les travaux se poursuivent »
Dans un courriel laconique remis au Journal, le MES a fait savoir que «les travaux du comité sur la grille de pondération de l’effectif étudiant se poursuivent». Selon nos sources, le ministère s’apprêterait à faire appel à un autre expert provenant du réseau universitaire pour reprendre le travail.