Les juristes de l'État fêteront-ils Noël en grève?
En grève depuis plus de huit semaines, les 1 100 avocats et notaires du gouvernement passeront vraisemblablement la période des fêtes sur les lignes de piquetage, les négociations avec le gouvernement Couillard étant toujours dans une impasse.
L'association des avocats et notaires de l'État québécois (LANEQ) prévoit convoquer ses membres en assemblée générale dimanche pour obtenir un mandat de continuer la grève générale entreprise le 24 octobre dernier. «Nos membres sont crinqués (sic). Ce gouvernement veut nous épuiser financièrement, a soutenu vendredi le président de LANEQ, Jean Denis. Nous sommes confiants d'obtenir un nouveau mandat de grève.»
Les membres de LANEQ seront invités à financer leur grève, a reconnu Me Denis. «Des cotisations spéciales sont demandées, qui seront remboursées sur une période de cinq ans. Ces gens-là sont prêts à s'endetter pour obtenir la parité avec les procureurs de la couronne (...) On s'appauvrit présentement.»
Deux séances de négociations entre LANEQ et le Conseil du trésor, cette semaine, n'ont pas permis de dénouer l'impasse. LANEQ dit avoir mis de côté sa demande de remplacer le mode traditionnel de négociation par un arbitrage pour proposer l'accord conclu il y a un an entre le gouvernement et les procureurs de la Couronne qui consistait à verser des augmentations de salaire de 2,5% par année pendant quatre ans. «Le gouvernement nous considère comme des avocats de second ordre», a déploré Me Denis.
LANEQ demande aussi la création d'un comité de rémunération afin d'examiner une réforme du mode de négociation. Québec refuse net. «Le gouvernement est déçu par l'attitude de l'ANEQ qui persiste (...) à réclamer la réforme du régime de négociation», a fait savoir le président du Conseil du trésor Carlos Leitao, par voie d'un communiqué.
M. Leitao dit avoir soumis des propositions permettant aux juristes d'améliorer leurs conditions de travail et qui «constituent une base de discussion intéressante».
LANEQ promet d'intensifier les moyens de pression. La grève a déjà retardé de la rédaction d'une vingtaine de projets de loi et de 200 projets de règlement, notamment en santé. Pas moins de 300 règlements d'emprunt soumis par les municipalités se sont empilés, ces dernières semaines, au ministère des Affaires municipales (MAM).
Les municipalités doivent ainsi retarder les projets liés à ces règlements d'emprunt et devront les réadopter pour les soumettre de nouveau au MAM si le conflit devait durer au-delà du 31 décembre.
Pour sa part, le Parti québécois s'impatiente. «La négociation n'avance pas (...) Je demande au gouvernement de régler la question des juristes de l'État et qu'il ne les laisse dehors», a déclaré la députée Nicole Léger.