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Une invention qui débloque les artères

Un fil-guide peut soigner certains patients pour qui la méthode traditionnelle ne marche pas

Le Dr Andrew Benko (à gauche) a réalisé une première mondiale sur Jean-Claude Bergeron (à droite), qui parle d’un miracle. La technologie a été développée par le professeur Martin Brouillette (à l’arrière), de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke.
Photo Éliane Thibault Le Dr Andrew Benko (à gauche) a réalisé une première mondiale sur Jean-Claude Bergeron (à droite), qui parle d’un miracle. La technologie a été développée par le professeur Martin Brouillette (à l’arrière), de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke.

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SHERBROOKE | Un patient qui avait de la difficulté à marcher depuis deux ans a regagné sa qualité de vie grâce à une invention sherbrookoise qui a débloqué les artères de ses jambes, trop obstruées pour être soignées avec la méthode traditionnelle.

Il y a un mois à peine, Jean-Claude Bergeron ne marchait que 200 pieds avant d’être essoufflé. L’homme peinait à gravir un escalier et était de moins en moins capable d’effectuer les longueurs de piscine, qu’il faisait jadis avec aisance. La médecine ne pouvait pas l’aider.

«C’est venu à un point où l’on pensait que je faisais de l’emphysème. C’était loin d’être ça», raconte le Sherbrookois de 72 ans.

Son malaise provenait plutôt d’artères bloquées dans ses jambes.

Une angioplastie traditionnelle, qui consiste à insérer et gonfler un ballonnet dans l’artère pour la débloquer, ne pouvait être pratiquée sur lui, car ses artères étaient trop obstruées.

«Quand les blocages sont trop durs ou calcifiés, on ne peut pas les traverser et insérer le ballonnet. L’incapacité de traverser un blocage complet, ça reste notre cause numéro 1 d’échec», explique le Dr Andrew Benko, radiologiste interventionnel au CIUSSS-Estrie.

Dans ces situations, qui surviennent dans environ 15 % des cas, le patient demeure avec sa douleur et il n’y avait autrefois rien à faire. Les cas les plus sévères peuvent développer des plaies, des infections, de la gangrène et même subir une amputation.

Première mondiale

Jean-Claude Bergeron a pu être opéré le 5 décembre dernier et se porte aujourd’hui à merveille.

Dans ce qui constitue une première mondiale, le Dr Andrew Benko a utilisé un nouveau fil-guide qui propulse des électro-chocs et qui agit tel un marteau-piqueur.

La technologie a été développée à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke et ensuite chez Sound Bite, une entreprise privée.

Selon le professeur Martin Brouillette, environ 7 millions de dollars ont été investis depuis 2004 dans ce projet, qui pourrait éventuellement aider des milliers de personnes par année.

Artères coronariennes

Cette intervention est la première pratiquée sur un humain dans le cadre d’une étude internationale approuvée par Santé Canada.

Au total, 30 patients subiront cette intervention à Sherbrooke, à Montréal et en Autriche. Ceux-ci n’ont pas encore été choisis.

Les résultats de ces interventions sont attendus avec impatience, puisqu’ils serviront à développer le même type d’opération pour les artères coronariennes. Les premiers essais devraient avoir lieu au début de l’année 2018.

Ce qu’ils ont dit

« Cette maladie vasculaire est extrêmement courante et multifactorielle. Ça peut être lié au tabagisme, aux facteurs génétiques, à l’âge, au diabète ou à l’alimentation. Le degré de calcification est variable d’une personne à l’autre »

- Dr Andrew Benko

« Au début, on traversait du plâtre, de la vitre, mais un moment donné il faut traverser des choses plus réalistes du point de vue médical. On a eu la chance d’avoir accès à des amputations de jambes, de prélever les vaisseaux sanguins bloqués et de se pratiquer »

- Professeur Martin Brouillette

« Du point de vue médical, c’est une technologie qui est extrêmement polyvalente. On le voit ici pour le vasculaire, mais on pourrait la retrouver en urologie pour les calculs biliaires ou en orthopédie pour les os »

« Le lendemain de l’opération, je montais les marches. Après 72 h, j’allais chercher mon courrier, j’allais à la piscine et je faisais de la raquette. Le lundi suivant, j’allais couper un arbre et le mardi je conduisais mon autobus scolaire comme d’habitude »

- Jean-Claude Bergeron, patient

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