Le Fonds négligeable...
Hébert

Ça fait déjà un certain temps que les envieux lorgnent le Fonds des générations, le compte d’épargne gouvernemental destiné au remboursement de la dette.
Les syndicats le réclament depuis des années pour choyer un peu plus leurs membres. Les conscrits du milieu communautaire en rêvent aussi.
François Legault a suggéré récemment d’en tirer une baisse des impôts. Ce serait assurément plus facile que de mettre fin aux programmes désuets et dégager une marge de manœuvre.
Pour ne pas être en reste, le PQ prône depuis dimanche de puiser dans la cagnotte pour soutenir l’économie. Voilà du nouveau.
Sièges sociaux
Les libéraux de Philippe Couillard ont aussi proposé de prendre du fric dans le Fonds des générations. C’était dans leur programme électoral de 2014. Un petit paragraphe qui fut vite oublié...
Pour protéger les sièges sociaux du Québec, les prises de contrôle coûteuses d’entreprises québécoises pourraient être financées à même le fameux fonds.
C’était original mais la conviction n’y était pas; Rona et St-Hubert ont été vendues quand même...
Le Fonds des générations, créé il y a une douzaine d’années par le gouvernement Charest, visait essentiellement à calmer les marchés financiers internationaux, inquiets devant la dette québécoise.
Au fil des ans, on y a accumulé 8,5 milliards. On est tenté d’applaudir mais la situation est presque risible: les nouveaux emprunts du Québec totalisaient 16,6 milliards le 12 janvier dernier...
Plusieurs de ces emprunts serviront à «refinancer» ceux venant à échéance au cours de l’année. Résultat: la dette aura augmenté d’environ sept milliards au 31 mars 2017.
Le Québec étant d’un naturel dépensier, les surplus budgétaires dégagés de haute lutte seront consommés en bonne partie par les réseaux de la santé et de l’éducation.
Idées neuves
Alors donc, chaque fois qu’une idée nécessite une forte somme, c’est vers le Fonds des générations que l’on se tourne.
C’est au tour de Jean-François Lisée, le tout dernier chef du PQ, de vouloir s’en servir pour soutenir de nouveaux programmes économiques.
Et c’est au député Nicolas Marceau, ex-ministre des Finances, et prof de l’UQAM en libération, qu’il demande de mijoter une nouvelle recette de relance économique.
Nos élites, politiques et syndicales, souvent en osmose, ont traditionnellement préféré ignorer la dette. Ils l’amoindrissent en l’appelant dette nette, dette directe ou autrement. La dette publique totale, celle à rembourser, pèse 278 milliards...
On l’accole au Produit intérieur brut (PIB) de sorte qu’on ne parle plus que d’un abstrait pourcentage. Ainsi finit-on par oublier et à se satisfaire du statu quo.
Mais le projet de pays imposera éventuellement qu’on se penche sérieusement sur ce délicat sujet, potentiellement explosif.
Quand Ottawa additionnait les surplus budgétaires, les finances d’un Québec indépendant se transformaient en corne d’abondance.
Maintenant que le gouvernement canadien patauge dans les déficits, il faudra refaire les calculs et réinventer la rhétorique. La république québécoise aura certainement besoin de surplus...