Une devise, pour quoi faire?
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Voulez-vous bien me dire à quoi ça sert d’avoir un slogan pour Saguenay? Déjà que c’était discutable en consultation gratuite, on sait maintenant que ça va coûter de l’argent aux contribuables.
Jean Tremblay a lancé le débat des devises il y a un an et demi. Sur le «déluge» de 41 suggestions des citoyens, il n’en a retenu... aucune! Départ canon.
Dommage, parce que plusieurs des propositions auraient mérité un prix Olivier pour leur cynisme. Entre autres, ma préférée: «Au Saguenay, on ne se fait pas prier»... Ou plus fataliste: «Saguenay, priez pour nous»...
AU BOUT DU FLOP, UN SLOGAN ?
Loin de se laisser démonter par l’humour sauce catho, Monsieur le Maire a ensuite monté un super sondage sur sa page Facebook. J’ai appris cette semaine dans Le Journal que la quête du slogan parfait ne soulevait pas les passions. En effet, le choix le plus populaire, «Au bout du fjord, un Royaume», récolte l’approbation... d’une douzaine d’internautes.
Le gros fun noir ne s’arrête pas là. En quelques jours, nous sommes passés d’un extrême à l’autre. La portée d’un article sur notre site web aidant, des milliers d’internautes de l’extérieur de la région se sont mis à voter à répétition. Ou plus précisément, un gars a voté mille fois. L’outil de sondage étant primaire (pour rester poli), la consultation devient bidon.
Retour à la case un.
La conclusion de Jean Tremblay? Au lieu de hisser le drapeau blanc, il compte engager les services d’une firme pour clore le débat des devises qui divisent et où le maire s’enlise. Ce qui, vous l’aurez deviné, coûtera de l’argent aux citoyens.
Je peux comprendre qu’au Moyen-Âge, cette époque révolue où on envoyait des lettres, l’idée d’avoir une devise et de jolies armoiries pouvait avoir du charme. Particulièrement pour sceller un message important avec une jolie étampe de cire chaude aux couleurs de la ville. Ça a encore de la gueule quand ils font ça dans la série Le trône de fer.
Mais est-ce que tout ça revêt la même importance dans un monde où une ville peut avoir sa page Facebook garnie d’un paquet de photos de cartes postales? Où le courriel rapide a supplanté la missive?
LE CITOYEN D’ABORD ?
À ce que je sache, dans toutes les étapes de cette consultation, il n’y a pas eu de ruée populaire. Sinon pour en rire. À ce que je sache, il y a des problèmes criants à Saguenay qui mériteraient qu’on investisse tout ce temps et cet argent.
Qu’un maire sortant veuille laisser son empreinte, il n’y a rien de nouveau là-dedans. Mais Jean Tremblay ne manque pas d’héritage, positif et négatif.
Il devrait peut-être relire ce qu’il a fait écrire sur les camions de la ville. Au service du citoyen. Ça n’attire peut-être pas de touristes, mais ça rappelle ce que doit être la priorité des dirigeants de Saguenay. Plus près du sol de l’asphalte trouée, des rues glacées et des tuyaux qui pètent. Plus loin des nuages d’un slogan pour vendre le coin comme une bouteille de Ketchup.