Inspirer le changement, un jus à la fois

Changer le monde, sauver la planète, beaucoup d’entre nous en rêvent, mais passer de la parole aux actes, c’est moins évident. Pourtant, il suffit parfois de poser un petit geste pour faire une grosse différence.

Lorsque Julie Poitras-Saulnier a croisé la route de David Côté, cofondateur de Crudessence et de Rise Kombucha, elle a tout de suite su qu’ensemble ils réussiraient à réaliser de grandes choses. C’était il y a environ un an.

David avait déjà commencé à réfléchir à un nouveau projet d’affaires avec Frédéric Monette, représentant pour la compagnie Courchesne-Larose, une entreprise de distribution de fruits et légumes fondée par son arrière-grand-père. Ce rêveur aux grands idéaux cherchait depuis un moment une façon de réduire le gaspillage alimentaire au sein de l’entreprise familiale.

Malgré tous ses efforts — compostage, redistribution de fruits et légumes dans les banques alimentaires —, l’entreprise continuait à jeter environ 18 tonnes de fruits et légumes par jour, soit 6500 tonnes par année.

Des aliments riches en vitamines et minéraux, mis aux ordures en raison de légères imperfections ou un peu trop mûrs pour être achetés et revendus dans les supermarchés. Une réalité scandaleuse quand on songe à toutes ces familles qui ont encore du mal à se nourrir convenablement.

économie circulaire

Pour Frédéric, ce gaspillage alimentaire n’avait aucun sens. On lui a présenté David et, ensemble, ils ont eu l’idée de profiter de l’engouement pour les jus de fruits et légumes pressés à froid pour créer des jus socialement responsables fabriqués à partir de tous ces fruits et légumes mal aimés.

Le duo planchait sur le projet depuis presque deux ans lorsque Julie est arrivée dans le décor. La jeune femme de 29 ans avait récemment terminé une maîtrise en environnement et développement durable. L’idée de contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire l’emballait.

«Avec ce projet, je pouvais enfin appliquer le principe de l’économie circulaire», explique-t-elle. Nous utilisons le surplus d’une entreprise en guise de matière première et notre propre surplus, les fibres de fruits et légumes, sont transformés en nourriture pour animaux de compagnie.» Même les écorces des agrumes utilisés dans les jus seront bientôt déshydratées pour en faire des tisanes.

Depuis leur apparition sur le marché en juillet 2016, les jus Loop font le bonheur des amateurs de jus pressés à froid. Les mélanges imaginés par David plaisent pour leur goût, pour la cause, mais aussi parce qu’ils sont plus abordables que les jus pressés à froid fabriqués uniquement à partir de fruits et légumes bios (4,99 $ au lieu de 8,99 $ en moyenne, pour 355 ml). «On ne fait pas de discrimination, se plaît à souligner Julie. Chez Loop, on aime tous les fruits et légumes.»

Après à peine sept mois d’existence, le trio estime avoir réussi à sauver 109 tonnes de surplus de fruits et légumes, 62 millions de litres d’eau et évité l’émission de 80 tonnes de gaz à effet de serre.

David a déjà créé quatre recettes de jus et promet trois nouveaux mélanges pour la fin février. À l’automne, l’entreprise ouvrira sa propre usine et espère commencer à fabriquer une nouvelle boisson à base d’hydrolat, une eau aromatique contenant des traces d’huiles essentielles.

Produits vedettes