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Le ticket du corbillard

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Sérieusement, la contravention donnée en pleines funérailles, ça ne pouvait pas attendre? Il y a des gens qui n’ont pas besoin de beaucoup de pouvoir pour manquer de beaucoup de jugement...

Ce n’est pas comme si les contrôleurs routiers avaient retrouvé un assassin en fuite ou le chef de la mafia au fin fond de Saint-Thomas-Didyme. Non. Ils ont tout bêtement abordé un cortège funèbre pour distribuer une infraction technique.

Si on applique à la lettre le Code de la sécurité routière, seuls les véhicules d’urgence ont le droit d’utiliser les lumiè­res stroboscopiques sur la route. Donc, pour l’utilisation d’un phare illégal, les deux contrôleurs routiers se sont joints aux endeuillés. Pas pour offrir leurs condoléances, mais pour donner un ticket de 300 piastres.

JUGEMENT 101

Les propriétaires du corbillard ont raison de contester la contravention, autant sur le fond que sur la forme. Sur le fond, parce que la règlementation fait dur. Signaler une longue filée de véhicules qui roulent à très basse vitesse à l’aide d’un phare spécial ne semble pas être une si mauvaise idée. Sur la forme, parce qu’il faut être indigne de l’écusson du contrôle routier pour interrompre un mort en route vers son dernier repos pour quelque chose d’aussi inoffensif.

Les scénarios alternatifs où les contrôleurs font preuve d’un peu de gros bon sens sont infinis. Ceux-là auraient pu atten­dre la fin de la cérémonie et de la mise en terre. Ils auraient pu donner un avertissement. Ils auraient même pu regarder passer sans rien dire. Personne (d’autre) ne serait mort.

RESPECTER LE RESPECT

C’est bien beau et noble pour le ministre des Transports de condamner le geste alors qu’il était de passage dans la région cette semaine. Mais à ce que je sache, les Dupont et Dupond de Contrôle Routier Québec n’ont pas reçu de sanctions. C’est bien beau, les excu­ses, mais ça n’excuse pas tout. Un autre manque de jugement qui ternit l’image des gens en pouvoir et qui reste sans réelles conséquences.

On se demande parfois pourquoi on a si peu de respect pour l’autorité. Il faudrait peut-être que l’autorité se donne un coup de main. Les policiers de Montréal s’habillent en clown pour travailler, même à des funérailles d’État. Pendant ce temps, leurs boss sont soupçonnés de corruption. On connaît tous les fameux quotas de contraventions qui font que des policiers aiment mieux se cacher derrière un stop que de chasser les véritables criminels.

Dans les petits comme les grands gestes, on note un manque de fierté, de respect, de jugement. Pas surprenant que les gens deviennent aussi cyniques. Ne devrions-nous pas apprendre aux gens en pouvoir qu’il existe une zone agréable entre le zèle mal placé et le je-m’en-foutisme généralisé? L’abus de pouvoir démontré dans le cas du corbillard ne fait bien paraître personne.

Le ministre Lessard devrait faire ses excuses directement à la famille du défunt et annuler la contravention aux propriétaires du véhicule funéraire. Il devrait pousser un peu dans le dos de ses fonctionnaires pour réviser le règlement. Ou mieux encore, dans un monde idéal, inculquer des notions de jugement à ceux qui en sont totalement dépourvus.

 

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