Budget fédéral: Morneau se dote de chaussures neuves, tandis que l'opposition craint la privatisation des aéroports canadiens
Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a enfilé des chaussures neuves, lundi, à l’approche du dépôt de son budget, s’interrogeant en vain sur l’origine énigmatique de cette tradition qu’il perpétue à l’instar de ses prédécesseurs.
De passage à Toronto, le grand argentier du Canada s’est procuré une paire de souliers noirs de la marque canadienne Poppy Barley au coût de 250 $, pour donner un avant-goût du budget qu’il déposera mercredi aux Communes.
«À chaque année, il y a une tradition selon laquelle le ministre des Finances a une nouvelle paire de chaussures», a lancé M. Morneau à de jeunes étudiants dans une école publique de la Ville-Reine, où il se trouvait pour l’occasion.
«Je n’ai aucune idée pourquoi je fais cela», a-t-il indiqué, affirmant qu’il s’agissait d’une «tradition vraiment bizarre».
Le mystère reste d’ailleurs entier sur l’origine de cette coutume que la Bibliothèque du Parlement n’a d’ailleurs pas réussi à résoudre, malgré une «recherche exhaustive» sur le sujet.
Certains attribueraient ainsi faussement à une tradition britannique l’achat des souliers avant le dépôt d’un budget. Il semble que ce soit plutôt une initiative canadienne ayant vu le jour dans les années 1950 ou 1960. Au moins huit ministres fédéraux ont auparavant répété la formule, dont Jean Chrétien, Paul Martin, Ralph Goodale, Jim Flaherty et Joe Olivier.
Aux Communes, lundi, les partis d’opposition ont plutôt soulevé leurs préoccupations et critiques face à ce deuxième budget attendu du gouvernement Trudeau.
«Le gouvernement va déposer son budget et les gens sont inquiets», a lancé le député conservateur Gérard Deltell.
L’opposition craint notamment que le gouvernement Trudeau n’annonce la privatisation des grands aéroports au pays pour générer de nouveaux revenus dans les coffres de l’État. Les libéraux ont d’ailleurs commandé une étude sur la question à la firme Crédit Suisse.
«On est rendu à vouloir vendre les aéroports. C'est comme si une famille vendait son frigo et son poêle pour payer la carte de crédit. Ça n'a pas d'allure», a lancé le député conservateur Denis Lebel.
«La privatisation des aéroports, ce n'est pas un fin détail. Cela va augmenter les frais pour les passagers des lignes aériennes partout au Canada», a renchéri le chef sortant du NPD, Thomas Mulcair.
C’est aussi l’avis de la nouvelle chef bloquiste, Martine Ouellet, qui était de passage à Ottawa, lundi.
En coulisse, on indique que cette question est présentement examinée par le gouvernement, mais qu’aucune décision ne sera prise d’ici le dépôt du budget.
Le premier ministre Justin Trudeau a pour sa part passé sous silence le sujet, lorsque pressé de questions par l’opposition. «La réalité, c'est que mercredi, tout le monde va voir un budget axé sur la croissance de la classe moyenne et l'aide dont les Canadiens ont tant besoin, après 10 ans de gouvernement conservateur», a-t-il rétorqué.