L’opposition accuse Ottawa de se traîner les pieds
OTTAWA | La tension monte d’un cran à Ottawa, alors que l’opposition accuse le gouvernement Trudeau de se traîner les pieds en tardant à pourvoir les postes de juges vacants pour empêcher que des meurtriers soient libérés.
Québec et Ottawa se refilent une véritable patate chaude politique, après qu’un Montréalais accusé d’avoir égorgé sa femme a été libéré la semaine dernière en raison des délais judiciaires trop longs. La défense a plaidé l’arrêt Jordan, en vertu duquel la Cour suprême du Canada a fixé à 30 mois sauf exception le temps d’attente qu’un accusé pouvait patienter avant de subir son procès pour meurtre.
Tant les conservateurs, que le NPD et le Bloc québécois accusent la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, d’avoir mis trop de temps à mettre en place un nouveau processus de nomination des juges, contribuant à amplifier la crise des délais.
«La situation est grave. Il y a un appel d’urgence qui se fait partout au Canada et principalement au Québec comme on l’a vu. Il faut que la ministre réagisse», a indiqué le député conservateur Gérard Deltell. Ces revendications font écho à celles de Québec, qui exhorte la ministre à nommer huit nouveaux juges dans la province, en plus de pourvoir les six postes vacants.
Seulement six postes?
Or, Mme Wilson-Raybould, qui a procédé à trois nominations dans la province depuis un an, a rétorqué lundi qu’elle s’engageait à pourvoir bientôt uniquement les six postes vacants. «Il n’y a pas qu’une solution. Nommer six juges au Québec ne va pas résoudre le problème des délais», a-t-elle dit.
La ministre a prévu une rencontre avec ses homologues provinciaux à la fin du mois sur le sujet. Le dernier budget fédéral prévoyait aussi la création de 28 nouveaux postes de juge, dont certains pourraient concerner le Québec.
Une porte-parole à la Cour supérieure du Québec, Caroline St-Pierre, a indiqué lundi avoir «bon espoir» que ces huit postes additionnels «pourront être pourvus, en tout ou en partie, à même les récentes dispositions budgétaires d’Ottawa relatives à la magistrature, vu l’ampleur de la crise».