L’ex-grand patron de RONA, Robert Dutton, se dit inquiet
Coup d'oeil sur cet article
L’ex-grand patron de RONA (1992 à 2012), Robert Dutton, avait dit craindre pour les fournisseurs québécois lors de la vente de l’entreprise à Lowe’s l’an dernier. Le Journal en a discuté avec lui.
Êtes-vous surpris de voir autant de fournisseurs afficher des baisses de revenus?
C’est très surprenant et surtout très inquiétant. Je suis renversé par la force et la rapidité des pertes de revenus encaissées par plusieurs fournisseurs québécois dans le secteur de la quincaillerie. Après seulement un an dans le cas de RONA, de voir autant de fournisseurs qui ont perdu plus de 20 % de leurs ventes, ce n’est pas de bonnes nouvelles pour la suite des choses. Je pense que cela va continuer en empirant. Je ne suis pas optimiste.
Avez-vous l’impression que l’histoire se répète?
Absolument. Tout cela me rappelle étrangement le cas de Provigo. Écoutez, on parle de pertes de 20 % de revenus. Pour une entreprise, perdre 20 % de son chiffre d’affaires, c’est dramatique. Ces fournisseurs sont Québécois, ils sont situés en régions et ils créent des emplois en régions. Et ça va continuer. D’ici cinq ans, il n’en restera plus. Je vous le dis, ça me rappelle beaucoup le cas de Provigo. N’oublions pas que Lowe’s n’a pas d’engagement ferme à préserver les achats au Québec.
Comment expliquez-vous le silence des fournisseurs?
C’est une situation très délicate pour eux. Ils sont pris pour négocier avec un géant qui dicte sa façon de faire avec ses propres règles. Ils se retrouvent entre l’arbre et l’écorce. Ce n’est pas très facile. S’ils parlent publiquement, ils risquent des représailles. J’aurais aimé que mes prédictions ne se concrétisent pas. Mais malheureusement, ce n’est pas ce que l’on observe sur le terrain.