Les policiers ont laissé miroiter une paye de 20 000 $
Ils voulaient soutirer des aveux à au présumé meurtrier Réal Savoie
NEW CARLISLE | Pour en arriver à soutirer des aveux de la part d’un suspect de meurtre, des agents doubles ont laissé miroiter qu’ils lui donneraient une paye de 20 000 $ pour un seul «gros coup», à condition qu’il entre dans les bonnes grâces du grand patron.
Réal Savoie, 54 ans, est accusé d’avoir agressé sexuellement et tué Sonia Raymond en 1996 à Maria, en Gaspésie. Tout de suite après le meurtre, les policiers l’ont suspecté, mais n’avaient pas assez de preuves pour l’accuser.
D’octobre 2013 à mai 2014, les policiers ont monté une opération Mr. Big qui a entraîné Savoie dans une fausse organisation criminelle dans le but ultime de lui faire avouer son crime.
Paye
Le 11 avril 2014, cinq jours avant qu’il n’avoue son crime, les agents doubles ont demandé à Savoie de compter une enveloppe contenant 20 000 $.
Le scénario visait à lui faire comprendre que ce serait sa paye si on le choisissait pour le «gros coup» qui se préparait, à condition qu’il soit choisi par le grand patron qui était à vérifier s’il était digne de confiance, lui a-t-on dit.
L’agent couvreur qui a témoigné au procès de Savoie, qui se déroule au palais de justice de New Carlisle en Gaspésie, est responsable de toute la mise en scène entourant l’opération d’infiltration.
«J’ai su qu’il [Savoie] était prêt à passer aux aveux après le scénario de l’alibi», a dit l’agent couvreur, dont l’identité est frappée d’un interdit de publication.
Durant cedit scénario, Savoie est témoin d’un subterfuge fournissant un solide alibi à un acolyte, un agent d’infiltration faussement recherché par la police, pour un délit de fuite.
Le 10 avril 2014, Savoie doit faire de la surveillance plusieurs heures dans le port de Montréal en vue du «coup important» dont il est question depuis plusieurs semaines et qui est commandé par le grand patron de l’organisation.
Enquêteur
La veille du jour «J», de vrais enquêteurs se pointent chez Savoie pour lui dire clairement qu’il est toujours suspecté pour le meurtre de Sonia Raymond. «M. Savoie semblait comprendre l'implication et les ramifications de l'organisation. Fallait qu'il ait confiance afin de demander de l'aide», a dit l’agent couvreur au jury mardi. Il a conclu son témoignage en confirmant que chaque rencontre de Savoie avec les membres de la fausse organisation criminelle était pour le mettre en confiance et lui prouver que l’organisation pourrait lui éviter la prison.