Des élèves qui s’évaluent par eux-mêmes
L’objectif est de faire comprendre aux enfants pourquoi ils vont à l’école
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SURREY, C.B. | Contrairement au Québec, tous les élèves de la Colombie-Britannique doivent s’autoévaluer de la maternelle à la fin du secondaire, et les profs leur enseignent comment le faire.
La forme varie d’une école à l’autre, mais le principe reste le même: responsabiliser l’élève par rapport à ce qu’il apprend en classe et ce qu’il reste à améliorer. «C’est tellement important, ça permet aux élèves de comprendre pourquoi ils vont à l’école et de s’impliquer davantage dans leurs apprentissages», affirme David Vandergugten, directeur de l’éducation au conseil scolaire de Maple Ridge.
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Il s’agit d’un complément qui s’ajoute à l’évaluation faite par l’enseignant dans le bulletin, mais qui n’interfère pas avec la note ou la mention finale accordée en fin d’année scolaire.
Les élèves apprennent à s’autoévaluer tout au long du primaire, en répondant à des questions simples: de quoi suis-je fier?, qu’est-ce que je peux améliorer? et comment vais-je m’y prendre pour y arriver?, explique l’enseignante Kelli Vogstad.
Même les plus petits peuvent le faire si on leur apprend à utiliser des mots simples, affirme sa collègue Becky Weber, qui a travaillé sur l’auto-évaluation avec ses élèves de maternelle tout au long de l’année scolaire.
Un outil d’introspection
Au début juin, elle a pris le temps de discuter avec chaque élève de ses apprentissages pendant l’année. «Je leur demande qu’est-ce qu’ils ne savaient pas faire lorsqu’ils ont commencé l’école et qu’ils peuvent faire maintenant. Un de mes élèves m’a répondu: “Au début de l’année, j’étais souvent fâché. Maintenant, je sais à quoi penser pour m’aider à me calmer.” C’était impressionnant. Les enfants ont la capacité de faire ce genre de réflexion si on prend le temps de leur apprendre.»
Les portfolios numériques mis en place dans plusieurs écoles facilitent cette démarche, puisque les élèves y commentent directement le travail fait en classe. L’enseignante Darcie Booth, qui enseigne en quatrième année, utilise l’auto-évaluation comme outil d’introspection, mais également comme exercice d’écriture. «Au fil des semaines, mes élèves sont passés de quelques mots à plusieurs phrases», dit-elle.
Pas facile pour les parents
L’auto-évaluation n’est toutefois pas un concept facile à faire accepter aux parents, reconnaît Antonio Vendramin. «Il y en a qui lèvent les yeux au ciel en disant: “C’est quoi l’idée de s’autoévaluer à un si jeune âge? Bien sûr qu’ils vont dire qu’ils sont bons!” Mais plusieurs jeunes connaissent bien leurs forces et faiblesses.»
Un verdict confirmé par des enseignants comme Scott Smith, un prof de technologie au secondaire: «La majorité du temps, ils sont en plein dans le mille», lance-t-il.
Au Québec, la politique d’évaluation des apprentissages comprend des notions d’auto-évaluation, mais cette démarche n’est pas obligatoire et n’apparaît pas dans le bulletin des élèves, comme en Colombie-Britannique.
Moins d’examens
SURREY, C.B. | En Colombie-Britannique, les élèves doivent réussir six examens provinciaux comparés à neuf au Québec.
Dans cette province, le ministère de l’Éducation a récemment fait le ménage dans le nombre d’examens auxquels les élèves doivent se soumettre, pour ne conserver que des examens provinciaux en langue et en mathématiques.
« Portrait fidèle »
Les élèves de quatrième et de septième année passent des tests standardisés en littératie et en numératie alors qu’ils doivent compléter deux épreuves à la fin de leurs études secondaires.
«Cette combinaison d’épreuves ministérielles, d’évaluations uniformisées en 4e et 7e année et d’évaluations en classe dans les autres matières offrira un portrait fidèle du degré de préparation des élèves», peut-on lire sur le site du ministère.
Doutes au québec
Au Québec, les élèves doivent se soumettre à neuf épreuves, dont six à la fin du secondaire en français, anglais langue seconde, mathématiques, histoire et science et technologie.
Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a déjà remis en question à quelques reprises le nombre d’épreuves ministérielles en vigueur dans la province, auxquelles s’ajoutent les examens locaux imposés dans certaines commissions scolaires.