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Scrapper son école

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Lancer des feuilles. Ajouter des œufs. Saupoudrer de farine et de poudre pour bébé. Ceci n’est pas une recette de Ricardo. Ce sont plutôt nos jeunes qui s’amusent à cochonner leur école secondaire.

Ces scènes peu glorieuses se sont déroulées à l’intérieur de la Polyvalente des Quatre-Vents à Saint-Félicien. Une façon à la mode de fêter la fin des classes. On dit même que c’est devenu une tradition annuelle.

Évidemment, question de bien paraître à la grandeur de la province, le tout a été filmé et diffusé à TVA. Le kid de treize ans qui a pris les images disait en entrevue qu’il était bien découragé de ce qu’il avait vu. On peut le comprendre.

SCHOOL’S OUT

Avec tous les moyens disponibles pour se défouler à la fin des classes, voulez-vous bien me dire quel effet jouissif peut avoir sur des jeunes blasés le fait de garrocher des œufs et tout ce que ça prend pour faire un gâteau à la grandeur des corridors scolaires? Vous détestez le concierge à ce point?

Le trip de lancer ses notes de cours n’est pas nouveau. Je me souviens de l’avoir fait, à une époque où on ne pouvait même pas faire de vidéo viral avec ça. Maintenant, un peu de montage, un filtre pourri d’une application cheap, School’s Out de Alice Cooper comme trame de fond. On aurait tripé. Mais on n’avait pas les moyens technos. Et on ramassait nos papiers après. Méchants bums, que nous étions!

C’est une nouvelle époque. Les jeunes de l’Amérique se relancent sur YouTube. Qui fera pire? Qui salira le plus son école? Qui aura la beurrée presque parfaite?

De voir que des jeunes ne respectent pas leur lieu d’apprentissage à ce point devrait nous révolter. Mais encore faut-il que le milieu se respecte lui-même. Dans un système d’éducation où les professeurs veulent être les amis des jeunes, où les bâtiments tombent en ruine, où on triche les notes vers le haut pour que le ministère paraisse bien, peut-on se surprendre que les jeunes se foutent un peu de nos gueules?

WE DON’T NEED NO EDUCATION

Cette semaine, les deux sujets chauds concernant l’éducation au Québec ont été : un possible cadeau de mille dollars si un jeune décroche son diplôme et la possibilité d’innover avec des bulletins pas de notes. Pas de lettres, pas de chiffres, ça fait trop de grosse peine. Faut bien protéger nos petits loups de la vraie vie et de la réalité. Une licorne, un voyage à Disney et un chausson avec ça?

On peut bien blâmer les kids qui se défoulent avec mépris sur les murs de leurs écoles. Mais on doit aussi porter une partie du blâme. En aplanissant de plus en plus les simples défis d’une éducation complète, exigeante et qui peut munir d’outils essentiels pour toute une vie, peut-être sommes-nous les premiers à leur lancer des œufs et de la farine au visage.

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