Des dépistages longs et incertains
Le corps médical conseille de respecter un délai d’attente de deux à six mois avant de concevoir un enfant
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Les couples souhaitant concevoir un enfant au retour d’un voyage dans un pays touché par le Zika ne devraient pas trop s’enthousiasmer devant les tests de dépistage du virus, les résultats étant longs et limités, a constaté Le Journal.
« L’approche la plus prudente pour protéger une grossesse que l’on planifie, c’est l’attente », tranche sans hésiter le Dr Guillaume Poliquin, conseiller médical pour l’Agence de la santé publique du Canada et spécialiste en maladies infectieuses.
Malgré l’existence de tests de dépistage, il demeure difficile pour les voyageurs de retour d’une zone à risque d’échapper aux mois d’attente prescrits.
Ces tests sanguins, analysés à Winnipeg, s’adressent aux femmes enceintes et aux personnes qui présentent des symptômes du Zika. Or, dans 80 % des cas, les gens atteints sont asymptomatiques.
Difficile sans symptôme
Le Dr Poliquin est bien au courant de cette réalité. Mais s’il n’y a pas de symptômes, dit-il, « les chances d’avoir un test utile sont réduites ». « C’est difficile de cerner quand est-ce que la personne a été à risque, si elle a été à risque », précise-t-il. Dans ce cas, seule l’attente est de mise.
Les personnes qui présentent des « symptômes aigus » du Zika peuvent quant à elles se soumettre à un premier test. Ce dernier est efficace s’il est effectué dans les 14 jours suivant l’apparition des signes. Si le résultat est positif, le voyageur a été infecté. S’il est négatif ? « C’est incertain » puisque le virus peut demeurer plus ou moins longtemps dans le sang selon les individus, nuance le médecin.
Second test
Un second test doit ainsi être effectué chez les voyageurs qui obtiennent un résultat négatif au premier test. Cet outil est aussi utilisé pour les femmes enceintes si elles ne ressentent pas les signes de la maladie.
Mais le processus est long : les prélèvements doivent être effectués quatre semaines après le retour de voyage, et l’analyse prend huit semaines.
Dans le cas de ce second test, un résultat négatif signifie que le Zika n’a pas contaminé l’organisme dans les trois mois précédant la prise de sang. Un résultat positif nécessitera quant à lui une autre étape de dépistage pour s’assurer qu’il s’agit bien du Zika et non un autre virus tel que la dengue ou la fièvre jaune, illustre le Dr Poliquin.
L’attente demeure donc le meilleur outil, réitère l’expert. Le Zika pouvant notamment causer une microcéphalie chez le fœtus lors d’une grossesse, les hommes doivent attendre six mois avant de faire un bébé. Le délai est de deux mois pour les femmes. Le port du condom est conseillé durant ces périodes, le virus pouvant être transmis sexuellement.
Le Zika au Québec (depuis 2016)
■ 103 cas liés au voyage, dont une transmission mère-fœtus
■ 13 femmes enceintes au moment du diagnostic
■ Aucune anomalie chez les enfants d’une mère infectée
Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux
Le Zika au Canada (depuis 2015)
■ Plus de 19 800 tests de dépistage
■ 299 cas liés au voyage
■ 3 cas de transmission sexuelle
■ 33 cas chez les femmes enceintes
■ 2 cas d’anomalie chez les enfants nés d’une mère infectée par le virus Zika
Source : Agence de la Santé publique du Canada
Les tests de dépistage du Zika
*Moléculaire (recherche du matériel génétique du virus)
■ Nécessite des symptômes aigus du virus (80 % des gens infectés sont asymptomatiques)
■ Doit être fait entre 3 et 14 jours après l’apparition des symptômes
■ Si positif : confirme la présence du virus
■ Si négatif : ne confirme pas l’absence du virus
*Sérologie (recherche d’anticorps contre le virus)
■ S’adresse aux personnes symptomatiques ayant obtenu un résultat négatif au test moléculaire et aux femmes enceintes
■ Doit être fait quatre semaines après le retour de voyage (8 semaines pour analyse)
■ Si positif : présence du Zika ou d’un autre virus. Un autre test de validation doit être effectué
■ Si négatif : le virus n’a pas infecté l’organisme dans les trois mois précédant le prélèvement
Source : Agence de la Santé publique du Canada