/finance/business

2,6% de hausse salariale au Québec en 2018

Les employeurs se montrent prudents face à l’incertitude sur les marchés

mines
Photo d'archives, courtoisie D’après les analystes, les travailleurs du secteur des mines (photo) et des métaux devraient connaître la plus forte augmentation salariale en 2018, avec une hausse de 3 %. En revanche, les travailleurs du secteur pétrolier recevraient les plus faibles augmentations.

Coup d'oeil sur cet article

Les augmentations salariales prévues au Québec en 2018 devraient s’élever à 2,6 % en moyenne, selon le Conseil du patronat du Québec (CPQ) qui évoque la prudence des employeurs face à l’incertitude sur les marchés.

Cette prévision pour le Québec s’élève tout juste au-dessus de la moyenne canadienne qui est de 2,5 %.

« Cette année, on remarque encore que le contexte économique difficile et les incertitudes sur les marchés entraînent une certaine prudence des employeurs, en teintant leur planification salariale », a indiqué Yves-Thomas Dorval, PDG, concernant le rapport sur les prévisions salariales qui sera dévoilé aujourd’hui et dont Le Journal a obtenu copie.

Les budgets accordés aux augmentations salariales ainsi que les prévisions sont à leur plus bas niveau depuis 2012. Il y a cinq ans, les augmentations accordées s’élevaient en moyenne à 2,9 %. L’an dernier, elles se situaient à 2,5 % au Québec.

La seule province à avoir accordé des augmentations plus élevées est le Manitoba, avec 2,6 %.

Réforme, pénurie et ALENA

Les négociations en vue du renouvellement de l’ALENA, la réforme fiscale des entreprises envisagée par Ottawa et la pénurie de main-d’œuvre sont autant de facteurs, selon M. Dorval, qui expliquent la « prudence » des employeurs.

« C’est surtout que le contexte économique est volatile. Une bonne proportion de l’économie du Québec repose sur les exportations. C’est sûr qu’il y a beaucoup de questionnements par rapport aux discussions au sujet de l’ALENA. Notre principal marché d’exportation étant les États-Unis, les mesures protectionnistes qui pourraient être mises en place éventuellement font en sorte que les gens sont plus prudents. Il y a des enjeux et des incertitudes. Cela ne veut pas dire que l’économie ne va pas bien », a-t-il précisé.

Selon les résultats de l’enquête menée par Korn Ferry Hay Group, seulement 45 % des employeurs canadiens offriront des augmentations salariales à leurs employés, ce qui représente une baisse considérable par rapport à 2017, où 65 % des employeurs avaient prévu offrir des augmentations.

La hausse anticipée au Québec de 2,6 % se situe au-dessus du taux d’inflation prévu en 2018, qui est de 2 %. Du côté des États-Unis, les prévisions américaines restent inchangées par rapport à 2017, avec des augmentations salariales prévues de 3 %.

Les secteurs

D’après les analystes, les travailleurs du secteur pétrolier devraient s’attendre à recevoir les plus faibles augmentations, compte tenu de l’impact économique de l’effondrement des prix du pétrole et d’une série de catastrophes naturelles ayant frappé la région de Fort McMurray.

Par contre, le secteur des mines et métaux dépasse la moyenne nationale avec des prévisions d’augmentations de salaire de 3 %. Les secteurs de la haute technologie et des sciences de la vie suivent de près avec des prévisions de 2,8 %.

Prévisions des augmentations salariales en 2018

  • 2,4 % Ontario
  • 2,5 % Colombie-Britannique
  • 2,4 % Alberta
  • 2,6 % Manitoba
  • 2,4 % Nouveau-Brunswick
(source : Firme Normandin Beaudry)

Taxes sur la masse salariale : 45 % de plus que la moyenne canadienne

Selon le Conseil du patronat du Québec, les augmentations salariales prévues pour 2018 représenteront pour les employeurs un coût moyen annuel additionnel de 156 $ par employé en taxes sur la masse salariale pour un salaire moyen de 40 000 $.

« Les employeurs du Québec paient annuellement environ 25 % de plus en taxes sur la masse salariale que leurs concurrents de l’Ontario et 45 % de plus que la moyenne canadienne », a fait valoir hier le PDG, Yves-Thomas Dorval.

Compétitivité affectée

« Cet écart avec nos voisins mine la compétitivité de nos entreprises face à leurs compétiteurs des autres provinces ainsi que leur capacité d’offrir des conditions concurrentielles à leurs employés », dénonce-t-il.

M. Dorval estime que depuis quelques années le gouvernement du Québec se montre « à tout le moins » plus à l’écoute des employeurs en cherchant à diminuer l’impact des taxes sur la masse salariale. « Il reste que l’écart est tellement important que même lorsqu’on essaie de le réduire, on continue de l’augmenter parce qu’il y a des hausses incontrôlables », ajoute-t-il en citant l’exemple du Régime québécois d’assurance parentale.

Du chemin à faire

Toute hausse de taxes sur la masse salariale peut être un obstacle pour les PME qui cherchent à accroître leur compétitivité, reconnaît M. Dorval.

« Quand vous êtes une PME, en termes de coûts, la main-d’œuvre, c’est très important. Quand vous êtes une grande entreprise, vous avez de grands processus d’automatisation. Vous avez les moyens d’améliorer votre productivité. Quand vous êtes une petite entreprise, vous dépendez beaucoup de votre main-d’œuvre. C’est sûr que les coûts associés à la réglementation ou aux cotisations sur la masse salariale, ce n’est pas positif pour le Québec. On a encore des efforts à faire pour améliorer la concurrence. »

Selon lui, le vieillissement de la population fait en sorte que les hausses de salaire devraient être « de plus en plus intéressantes » au Québec.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.