Tragédie des Éboulements: «Je vais m’en rappeler toute ma vie»
Le photographe du Journal a été le seul à prendre des photos aériennes de la scène
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Le photographe de presse Daniel Mallard, doyen au Journal de Québec, n’oubliera jamais cette journée du 13 octobre 1997 où il a été appelé à couvrir la tragédie des Éboulements, l’un des pires drames des dernières décennies au Québec.
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« C’est le plus gros fait divers que j’ai fait dans ma carrière. J’ai dû travailler à peu près 48 heures en ligne, je vais m’en rappeler toute ma vie. Pour nous, c’était comme un écrasement d’avion », explique celui qui est photographe au Journal depuis 34 ans.
« J’étais parti de Québec avec ma voiture, avec la journaliste Marie-France Bornais. On parlait déjà d’une dizaine de morts, ce qui était énorme. Je roulais à des vitesses très élevées. À cette époque-là, on était un petit peu téméraire », raconte Daniel Mallard.
« Les gens étaient silencieux »
Il a été l’un des premiers représentants des médias à arriver sur les lieux.
« Ce qu’on entendait, c’étaient les génératrices qui aidaient à faire fonctionner les pinces de désincarcération. Les gens étaient très silencieux, très respectueux. C’est ce qui me marque encore de cet événement-là », souligne-t-il.
Il fut le seul photographe de presse à prendre des clichés aériens de la scène. Un pilote d’hélicoptère, sur place, était prêt à décoller, et Daniel Mallard l’avait convaincu de le laisser monter à bord pour une centaine de dollars.
« Lors de l’enquête, ils se sont servis de certaines de mes photos. Même la Sûreté du Québec n’en avait pas de l’événement comme tel », expose-t-il. L’un de ses clichés l’a davantage marqué, soit celui où l’on voit un pompier qui récupère un chapelet dans la carcasse, lors des opérations de secours.
« Les gens qui étaient à bord étaient des gens croyants. La symbolique était forte, pour moi », soulève Daniel Mallard.

« Quand tu es photographe de presse, ça demande beaucoup de sensibilité. Il faut respecter le site, sur une scène comme celle-là, et il ne faut pas imposer notre présence. Il faut travailler discrètement, relate-t-il. J’ai essayé de traiter ce fait divers là avec le plus de respect possible. »
Vingt ans plus tard, il affirme que cet événement « a un peu changé [sa] vision du fait divers ». « Ça m’a toujours amené, après, à être le plus effacé possible. Peu importe l’ampleur du fait divers, ça doit se traiter avec respect ».