Après la vache folle, voici la maladie du cerf fou
Une épidémie mortelle décime les troupeaux et menace la santé humaine
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Une maladie mortelle similaire à la vache folle fait des ravages chez les chevreuils du centre du Canada et des États-Unis. Elle menace maintenant de s’attaquer aux humains, d’après des scientifiques du gouvernement fédéral.
La maladie débilitante chronique (MDC) des cervidés est incurable et tue ses victimes en quelques mois, en détruisant le cerveau et la moelle épinière. Les wapitis, les orignaux, les cerfs de Virginie et les cerfs-mulets sont touchés.
« La MDC a le potentiel d’infecter les humains », indique même une équipe de recherche de Calgary menée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Viande infectée
En menant des tests sur des primates, les chercheurs ont constaté qu’il est possible de contracter la maladie en consommant de la viande infectée. Ils craignent donc que la même chose se produise chez les humains qui consommeraient du cerf infecté en filet, en fondue chinoise ou dans une tourtière du Saguenay.
Jamais détectée ici d’après le ministère de la Faune, la MDC est toutefois à nos portes. Des cas ont été découverts dans l’État de New York, tout juste au sud de la frontière.
Vingt-trois États américains et deux provinces canadiennes, l’Alberta et la Saskatchewan sont infectés.
Le ministère est sur ses gardes, car « les déplacements naturels des animaux favorisent la progression de la maladie vers le Québec », indique-t-il.
Depuis 2007, on mène des tests, particulièrement en Montérégie et en Estrie, deux régions proches de la frontière.
Mais « les ressources financières et humaines pouvant être affectées à la surveillance de la MDC ne permettent pas la collecte et, surtout, l’analyse d’un nombre d’échantillons suffisant », peut-on lire dans la Stratégie québécoise sur la santé des animaux sauvages préparée par le ministère.
Les documents du ministère de la Faune excluent une transmission de la MDC à l’humain, malgré l’avis récent des scientifiques de Santé Canada.
Du côté du Wisconsin, où la maladie tue les cervidés sans relâche depuis les années 1970, les chercheurs craignent depuis longtemps une forme humaine du mal.
Pire que le VIH
« Chez l’humain, le VIH aurait l’air d’un pique-nique à côté de la MDC », affirme l’épidémiologiste Mike Samuel, qui dirige l’unité coopérative de recherche sur la faune du Wisconsin, dans un documentaire réalisé par l’Alliance for Public Wildlife.
Le président de cette organisation albertaine qui se dédie presque entièrement à la MDC, le biologiste Darrel Rowledge, n’hésite pas à comparer cette maladie à la grippe espagnole. Il souligne que cette grippe a fait plus de morts en 25 semaines que le VIH en 25 ans, et provenait elle aussi des animaux : les poulets d’élevage.
De 7000 à 15 000 animaux infectés seraient consommés chaque année par des familles de chasseurs au Canada, d’après les estimations de l’Alliance for Public Wildlife qui regroupe des scientifiques et des représentants des Pemières Nations.
Comment se transmet la maladie ?
La maladie débilitante chronique (MDC) est extrêmement contagieuse. Elle se transmet par l’urine, les selles, la salive et le sang des animaux atteints. De plus, elle se révèle très résistante. Dans les fermes touchées, les éleveurs doivent exterminer toutes leurs bêtes, et dans 50 % des cas la maladie resurgit même après une désinfection complète des lieux.
Comment se propage-t-elle ?
Les voies principales sont :
- l’importation de cervidés d’élevages vivants infectés ;
- l’importation de carcasses ou de parties de carcasses de cervidés sauvages infectés ;
- la migration transfrontalière naturelle de cervidés sauvages infectés ;
- l’importation de produits dérivés de cervidés infectés.
Caribou en danger ?
Comme les chevreuils, les caribous sont des cervidés. Ils pourraient donc être touchés par la MDC. Jusqu’à présent, aucun cas n’a été recensé au Canada. Par contre, la Norvège a rapporté les premiers cas en 2016.