Caroline Décoste et Mathieu Charlebois, de Vas-tu finir ton assiette?, goûtent pour vous à toutes sortes de choses, afin de répondre à la question «Si tu manges ça, vas-tu finir ton assiette?».

La nostalgie est à la mode, notre linge du secondaire est de retour dans les magasins et on dirait que tous nos albums préférés ont 20 ans et un vinyle édition limitée à 195 $ cette année. Pas plus fous que le gars qui se tient dans une poche, on s'est dit qu'on pourrait, pour cette série exclusive au Sac de Chips, surfer sur la vague et manger de la nourriture nostalgique.

Et ça commence avec...

 

Cordon Bleu ragoût de boulettes et patates rondes

Si Guylaine Tremblay paye aujourd'hui son épicerie en faisant fondre l'or de ses trophées Artis dans l’un des douze foyers de son manoir, il fut une époque où la chouchou du public était une comédienne débutante se nourrissant exclusivement de repas bon marché et recevant ses invités sur de chic napperons promotionnels.

Et si c'est bon pour Sainte-Guylaine, c'est bon pour nous. En tout cas, on espère.

Du Cordon Bleu, on a un vague souvenir d’en avoir déjà mangé, aussi vague que le souvenir d’avoir déjà vu des clips musicaux à Musique Plus. Ça tombe bien, la boulette, la caméra qui donne l’épilepsie et 200$ en un format audio qui se meurt vont main dans la main!

Cette pub, c'est ce qui arrive quand ton réalisateur est une gerbille en chaleur avec une GoPro sur la tête.

- Mathieu

Préparation

La première étape, c'est de trouver la canne à l'épicerie. Ce qui est plus facile à dire qu'à faire, parce que le graphiste à qui a été confié le mandat de créer les étiquettes de la marque Cordon Bleu s'est immédiatement dit: «ça va prendre du ROUGE». Faque bonne chance pour trouver ça rapidement sur la tablette en te fiant à ton bon sens.

La deuxième étape, c'est «Réchauffer et servir». Selon l'emballage, c'est tout. That's it. C'est it's. That's tout.

Bon ben... ok.

Minute historique (pendant que ça chauffe)

Le terme «cordon bleu» nous vient de l'Ordre des Chevaliers du Saint-Esprit, un groupe de nobles chevaliers français du 16e siècle connus pour leurs somptueux banquets.

Tsé le genre de mecs habillés vraiment too much qui passaient leur temps à se vanter de ce qu’ils mangeaient?

#TheTimesTheyAreAChangin’

- Caroline

Parmi les gens décorés du Cordon Bleu, on trouve ce dude à perruque poudrée, ici immortalisé via l'Instagram du 17e siècle: l'huile sur canevas.

Loin de nous l'idée d'avoir des préjugés (les gens avec des préjugés sont tous des idiots), mais Paul-Hippo n’a pas vraiment l'air du gars qui se fait aller l'ouvre-boite à l'heure du repas.

Majordome! Qu'on me ragoûte la boulette immédiatement!

- Paul-Hyppolite de Beauvilliers

 

P-H semble par contre être le type de snob qui tient à ce que ses patates soient PARFAITEMENT RONDES. Amenez-lui pas une patate ovale ou vous allez finir le souper assis sur une chaise de Judas. «La Terre est peut-être plate, mais mes tubercules sont ronds!» déclarait-il souvent. Ben on a une bonne nouvelle pour toi, mon PéAsh:

 

J'aime j'aime

Patate, j'aime ton odeur

Tous tes gestes en rondeur

Lentement réchauffés

Sensualité

- Axelle Bleu

 

Présentation suggérée

Vue la quantité complètement folle de sauce que contient la canne de Cordon Bleu, le bol est de rigueur. Ce ragoût, c'est 80% de sauce, 18% de goût et 2% de ra, et si l'on se fie à la formule de Newton:

(où dans, G représente une constante, soit la rondeur de la pétate, F représente la fluidité de la sauce, et A/B le rapport entre le fait que ton comptoir n’est pas au niveau et la quantité de brun), tu vas en ramasser partout si tu sers ça dans une assiette.

Dégustation

Saviez-vous que depuis 1933, Cordon Bleu se spécialise dans le ragoût quantique? En effet, la pétaque et la boulette se savourent chacune en deux états simultanés: benquetropchaude et limitefrette. Ce brouet de Schrödinger offre toute une gamme de sensations sur la langue.

Au début, ça goûte pas terrible. Après deux ou trois bouchées, ça goûte pas si mal. Et après deux bouchées de plus, tu te rends compte que tout ce qui reste dans ton bol, c'est une tasse de sauce brune. Pu de boulettes, pu de rondes patates. Tant pis. Ça n’aura même pas eu le temps de devenir bon.

Ajoutons à cela un pourcentage honorable (38%) de notre sodium quotidien, et c’est le triumvirat de «ça aurait dû rester un vague souvenir», à ranger avec le Batman de Georges Clooney, le Pepsi Cristal et la toune du rappeur ontarien qui chantait la bouche pleine.

Informer

Yabedabedabedabadoubedayyy

Alalalongboomyay

- Banc de neige

Vas-tu finir ta sphérification carnée?

La partie solide, ça se peut. La partie saucée, probablement pas, parce que ça fait beaucoup de sauce. Faut croire que dans notre souvenir, c’tait pas nous qui torchions la vaisselle après.

Le ragoût promet des patates rondes, et Pythagore serait fier parce que c'est très réussi. Néanmoins, le goût général est pas terrible et le ratio sauce/ragoût est digne d'un ratio gars/filles dans un cours d'aquaforme.

Faque, c’tait-tu meilleur dans le temps ou maintenant? Dur à dire. On n’a plus de pluies acides (y fait trop chaud pour ça) et on ne s’inquiète plus du trou dans la couche d’ozone (vu qu’y’en reste pu), mais le dollar canadien va toujours aussi mal, les libéraux sont au pouvoir et les boulettes de la confrérie du ruban cyan n’ont pas fini dans le bol du chat. Bref, disons que c’est kif-kif.

Ainsi, le ragoût de boulettes Cordon Bleu a bien mérité sa place dans le firmament des nourritures nostalgiques.