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Brise-glace : Trudeau ouvre la porte à la Davie

« C’est un grand jour », a déclaré le porte-parole de la direction de la compagnie, Frédérik Boisvert.

Brise-glace : Trudeau ouvre la porte à la Davie
Photo d'archives, Simon Clark

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C’est la joie chez Davie après que le premier ministre canadien Justin Trudeau eut dit jeudi à Radio-Canada que les négociations avec le chantier naval de Lévis pour fournir des brise-glaces à la Garde côtière commenceront vendredi.

« C’est un grand jour pour nous. On est vraiment content que maintenant M. Trudeau voie d’un bon œil le projet qu’on avait soumis en février 2016 », a indiqué le porte-parole de la direction de la compagnie, Frédérik Boisvert. Ce dernier parle ici du projet Resolute, qui prévoit l’achat et la modification de quatre brise-glaces, un américain et trois scandinaves.

M. Boisvert a tenu à souligner l’apport du ministre Jean-Yves Duclos, du député Joël Lightbound et de Mathieu Bouchard, conseiller auprès du premier ministre. « Ils ont été des éléments-clés dans l’acceptation du projet Resolute. »

« Des négociations vont commencer bientôt. On est loin de la coupe aux lèvres, mais on sent vraiment une ouverture. C’est l’amorce d’une nouvelle ère de relations entre le chantier et le gouvernement Trudeau. Le signal est très puissant, et ça nous donne beaucoup d’espoir », a ajouté M. Boisvert.

Dans la poche ?

L’enthousiasme des divers intervenants laisse penser que le dossier est peut-être plus avancé qu’on ne veut bien le laisser croire.

« Il y a toujours eu des contacts entre la haute direction, le personnel politique de M. Trudeau et les fonctionnaires. Les choses ont été arrimées et ça a été sa prérogative (à Justin Trudeau) de décider quand il voulait le laisser savoir. On était au courant de l’intention d’aller de l’avant », a expliqué M. Boisvert lorsque questionné à savoir si Davie savait que le premier ministre ferait cette déclaration jeudi. Il a cependant rappelé que « les négociations officielles n’ont pas encore commencé. »

Dans un communiqué, le président de la CSN, Jacques Létourneau, mentionne s’être entretenu avec Justin Trudeau, mercredi. « Nous sommes satisfaits de l’entretien. M. Trudeau doit nous démontrer que les actes suivent les paroles », a-t-il dit.

Grâce aux Russes

Avant les Fêtes, notre Bureau parlementaire avait appris qu’en raison de la tergiversation du gouvernement fédéral, Davie s’était fait damer le pion par la compagnie gazière russe Gazprom en lien avec des options d’achats sur les trois brise-glaces scandinaves.

Selon une source bien au fait du dossier, Gazprom s’est finalement tournée vers d’autres navires, permettant à Davie d’exercer ses options sur le Vidar Viking et ses deux navires-sœurs, le Tor Viking et le Balder Viking. Davie propose d’acquérir ces navires, puis de les louer à la Garde côtière.

Le chantier détient aussi une option sur un brise-glace américain de type « polaire » nommé Aiviq. Ce dernier permettrait de remplacer le CCGS Louis S. St-Laurent, arrivé en fin de vie utile.

Trois semaines et des projets

À l’heure où le trafic maritime a fréquemment été perturbé par le froid polaire à la hauteur de Québec, les responsables de la traverse Québec-Lévis seront sûrement heureux d’apprendre qu’un des quatre brise-glaces pourrait même être déployé dans un délai de trois semaines. « Il n’y a plus grand-chose qui va rester pris dans la glace avec un tel mastodonte », estime M. Boisvert.

La conversion des trois autres donnerait du travail à 300 personnes pour deux ans, moins que le nombre d’employés mis à pied. « Davie est très actif actuellement pour des opportunités à l’international. On a de beaux dossiers qui pointent à l’horizon. On ne peut pas encore en parler. L’année s’annonce très productive », conclut Frédérik Boisvert.

— Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, de Sophie Côté et de Jean-Luc Lavallée

Ce qu'ils ont dit

« On voit d’un bon œil que le fédéral se rende compte qu’il y a un manque du côté de la Garde côtière. Mais ce ne sont pas des brise-glaces. Ce sont des remorqueurs de haute mer. Ils ne sont pas assez longs, pas assez larges, n’ont pas assez de cabinage pour 36 membres d’équipage. Il n’y en a qu’un qui a des installations pour un hélicoptère. On achète des brise-glaces qu’on va pouvoir utiliser seulement dans le fleuve. C’est un petit plaster sur un gros bobo. »

— Louis Cannon, v-p Québec de l’UCTE (syndicat représentant les employés de la Garde côtière)

« La direction du chantier et le gouvernement ont eu des échanges nombreux et fructueux au cours des dernières semaines, mais maintenant il faut passer à la prochaine étape, qui est de finaliser par des discussions formelles à partir de demain. »

— Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille

« Le gouvernement essaie de calmer la grogne en laissant miroiter à la Davie l’équivalent d’un respirateur artificiel. La Davie représente 50 % de la capacité de production navale au Canada et on va leur faire adapter des brise-glaces ? »

— Michel Boudrias, député du Bloc québécois

« Avec ce qui coule (dans les médias) ce matin, je suis assez heureux. Il (Justin Trudeau) ne m’a rien confirmé, mais je lui ai dit que ça va bien visiblement... et vous auriez dû lui voir la figure. Moi, ça me réconforte. L’important, c’est que ça semble bouger. »

— Régis Labeaume, maire de Québec

« Nous accueillons cette annonce avec espoir, mais aussi avec amertume. Il faut se rappeler que les travailleurs de Davie attendent une réponse du gouvernement libéral depuis des mois. 800 mises à pied ont eu lieu en décembre dû à l’inaction du premier ministre. »

— Guy Caron, chef parlementaire du NPD

« Il ne s’agit que d’une étape pour assurer la pérennité des emplois et de Davie, le plus grand chantier naval au Canada. Le gouvernement fédéral doit assurer aux travailleurs que Davie trouve son compte dans la stratégie nationale de construction navale, élaborée par le gouvernement précédent, qui l’a écarté au profit des chantiers de Vancouver et d’Halifax. C’est non seulement inéquitable, mais carrément inacceptable. »

— Jacques Létourneau, président de la CSN

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