Labeaume au bâton
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C’est rassurant de voir que Régis Labeaume prend le bâton du pèlerin pour expliquer son Réseau structurant de transport en commun (RSTC).
Le maire a bien joué ses cartes au point où presque tous les acteurs socioéconomiques de la région l’ont appuyé.
Dans la population, le projet est beaucoup mieux reçu que celui du défunt SRB. Un sondage COGECO-SOM indique par ailleurs qu’il reçoit l’appui de 56 % des gens de Québec.
C’est bien, mais ça démontre qu’il y a encore du travail à faire pour que la population s’approprie cette vision. Il faut casser l’argument de certains intervenants qui prétendent que le RSTC ne s’adresse qu’aux élites.
Il y a des raisons légitimes pour s’opposer au projet ou, à tout le moins, pour entretenir des doutes quant à son échéancier et ses coûts de réalisation. On a également le droit de se montrer soupçonneux devant des élus qui font avancer ce tramway à toute vapeur, à la fois propulsés par l’échéance municipale passée et tractés par le rendez-vous québécois qui s’en vient.
Ces critiques sont nécessaires afin que tant nos élus que les gestionnaires du projet se montrent précautionneux dans sa réalisation.
Les arguments erronés
N’empêche que s’il y a des arguments qui sont fondés pour s’inquiéter du RSTC, il y en a d’autres qui doivent être démontés.
L’un d’entre eux, c’est dire que le tramway est une technologie du début du siècle dernier et qu’y revenir représenterait un retour en arrière.
Pourtant, la première automobile a été commercialisée en 1873 et elle connaît encore de beaux jours. Évidemment, elle a évolué... comme c’est le cas pour le tramway. Ce serait pourtant absurde de qualifier la voiture de technologie du XIXe siècle.
On voit également certains se montrer absolument convaincus que ces trains légers se retrouveront paralysés lors d’importantes bordées de neige. Or, même quand la tempête empêche les autobus d’Orléans Express de circuler, les trains de VIA Rail et du CN voyagent encore.
Pour une raison évidente : c’est plus difficile de déraper quand on suit un rail. En outre, les rues aussi ont besoin d’être déneigées pour laisser circuler les autos. Pourquoi ce serait différent avec un tramway ? L’expérience de nombreuses villes nordiques démontre qu’un train pensé pour l’hiver circule sans problème dans ces conditions.
Un autre point qui revient souvent, c’est de se demander à qui servira le transport en commun en dehors des heures de pointe. C’est effectivement une bonne question. Cela étant, c’est amusant de voir qu’on ne se la pose jamais quand il s’agit de proposer un nouveau pont ou d’élargir une route.
On peut diminuer la fréquence des trams et des autobus, mais on ne pourra pas rouler la nouvelle voie d’Henri-IV comme un tapis pour la ranger la fin de semaine. Investir dans l’asphalte, c’est nécessairement dépenser pour quelque chose qui ne sera pleinement utilisé que quelques heures par jour.
Patient et pédagogue
Ça fait partie des choses que Régis Labeaume devra expliquer aux citoyennes et citoyens de Québec. Pour convaincre, toutefois, il devra réellement aller au bâton et ne se refuser à aucune tribune, même lorsqu’il n’aime pas ceux qui l’invitent.
Les absents ont toujours tort. C’est une règle de base en politique.