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Alexandre Bissonnette, pas islamophobe ?

2. LES MÉDIAS DÉCHETS
AFP

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Quel soupir de soulagement les familles et les proches des victimes ainsi que les survivants ont dû pousser en apprenant qu’Alexandre Bissonnette plaidait coupable aux accusations qui pesaient contre lui.

Pas de procès, cela signifie : pas de deuxième cauchemar.

Les témoins n’auront pas à revivre dans les détails l’horreur que fut la fatidique journée du 29 janvier 2017. Les familles, les proches, les veuves et les orphelins, n’auront pas à revivre pendant un mois le film de cette tuerie.

Le plaidoyer de Bissonnette leur aura épargné ça.

Mais en déclarant dans sa lettre lue en Cour « je ne suis ni un terroriste ni un islamophobe », Bissonnette laisse le mystère entier. Il n’est pas islamophobe ... mais il a tiré à bout pourtant sur six musulmans dans une mosquée ?

Quelle était sa motivation, qui était son ennemi, vers qui et quoi était dirigé sa haine ? Un procès, aussi pénible soit-il, aurait (peut-être) permis de prendre connaissance de toutes les pièces du puzzle. Quel était l’état d’esprit de Bissonnette, qu’est-ce qu’il avait dans la tête, dans le cœur, dans les tripes ?

Bissonnette a-t-il choisi au hasard un lieu donné pour assouvir une haine aveugle ou a-t-il ciblé une communauté, un groupe, une religion, des individus précis ?

Ce matin, j’entendais l’imam Hassan Guillet réitérer à Catherine Perrin qu’Alexandre Bissonnette est la septième victime de l’attentat de la mosquée car il fut victime de ceux qui ont planté des "idées haineuses" dans son esprit.

L’imam en sait-il plus sur les motivations de Bissonnette que Bissonnette lui-même ?

Et qui l’imam montre-t-il du doigt, pensez-vous ?

Dans le cas de Marc Lépine, qui a séparé les femmes des hommes, qui a affirmé haut et fort sa haine des féministes, et qui avait établi une liste de femmes dérangeantes à qui il voulait faire la peau, l’objet de la haine était clairement identifié.

Dans le cas d’Alexandre Bissonnette, que veut-il dire quand il affirme n’être ni terroriste ni islamophobe ? Qu’il a tiré dans une mosquée mais que ça aurait aussi bien pu être une cathédrale ou une synagogue ? Qu’il est si confus et dérangé et déprimé que quiconque se serait trouvé sur son chemin aurait eu droit au même traitement le soir du 29 janvier ?

Quand Bissonnette déclare : "J'étais habité d'une forme horrible de désespoir",  à quoi fait-il référence ?

On en saura peut-être plus le 10 avril quand la Couronne exposera les faits pour la sentence infligée à Bissonnette.

Mais en plaidant coupable, en évitant un procès,  en gardant pour lui le mystère de ses motivations, Bissonnette donne carte blanche à ceux qui veulent interpréter son geste à la lumière de leurs propres agendas.

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