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Tuerie à la mosquée: Alexandre Bissonnette regrette et choisit de plaider coupable

L’auteur de la tuerie de la mosquée risque 150 ans de prison

Alexandre Bissonnette
Photo d'archives Alexandre Bissonnette

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Ayant plaidé coupable aux 12 chefs d’accusation de meurtre et de tentative de meurtre qui pesaient sur lui à la suite de la tuerie de la mosquée de Québec, Alexandre Bissonnette risque maintenant une peine cumulative de 150 ans de prison, ce qui serait la peine la plus lourde de l’histoire du Canada.

«J’ai choisi de plaider coupable. Dans mon cœur, ça fait longtemps que j’y pense. Je veux plaider coupable à l’ensemble des accusations pour éviter un procès... éviter aux victimes et aux familles de revivre la tragédie.»


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En prononçant une toute petite phrase, Alexandre Bissonnette a choisi de mettre fin à une histoire d’horreur.

Après 14 mois d’attente, il a décidé de plaider coupable aux accusations qui pesaient sur lui à la suite de la tragédie qu’il a écrite le soir du 29 janvier 2017.

Ce soir où il s’est présenté à la grande mosquée de Québec pour y assassiner froidement six pères de famille. Pour attenter à la vie de 40 autres personnes. Pour briser une communauté entière.

Cette décision, Bissonnette, 28 ans, l’a mûrement réfléchie. Du moins, c’est ce qu’il a dit lundi dernier au juge François Huot, qui devait présider le procès dont on prévoyait qu'il s'étirerait sur huit semaines.

Une ordonnance de non-publication empêchait toutefois les médias de révéler cette information, le magistrat ayant exigé que Bissonnette soit vu par un psychiatre avant que les plaidoyers ne soient entérinés.

Psychiatre

Le tueur de la mosquée a donc été rencontré lundi soir par le psychiatre Sylvain Faucher. Ce dernier a confirmé au tribunal que Bissonnette était apte à plaider coupable, qu’il comprenait les enjeux et les conséquences de son choix.

«L’automne dernier, monsieur Bissonnette a été confiné parce qu’il avait des idées suicidaires. C’est à la suite de son confinement qu’il a penché vers cette option. Pour lui, ce n’est pas une nouvelle avenue. Au surplus, il ne voulait pas être l’auteur d’un autre drame collectif en subissant un procès qui, selon sa perception, n’était pas nécessaire», a ajouté le psychiatre.

Une fois le tribunal rassuré, Bissonnette a été ramené devant le juge. Ce dernier a alors lu chaque accusation et le nom de chacune des victimes. Après chaque accusation, le mot «coupable» était martelé. Comme si l’étau se refermait de plus en plus.

Dans la salle, les proches des hommes tués ou blessés par Bissonnette étouffaient leurs plaintes, essuyaient leurs larmes, se tenaient la main. L’ambiance était lourde, l'affliction des familles touchées étant mêlée de colère, mais aussi de soulagement.

À l’avant-plan, Aymen Derbali, l’un des hommes atteints par balle ce soir-là, qui restera handicapé à vie, semblait souffrir profondément.

Bissonnette réagit

Quant à Bissonnette, il a tenu le coup tout au long de l’audience. Il a parfois essuyé une larme, sans plus.

Toutefois, dans les dernières minutes de l’audition, lorsqu’il a été dit que la vidéo de la tuerie serait présentée dans le cadre des observations sur la peine, Bissonnette a craqué.

Les parents d’Alexandre Bissonnette étaient présents au palais de justice pour entendre leur fils plaider coupable.
Photo Stevens LeBlanc
Les parents d’Alexandre Bissonnette étaient présents au palais de justice pour entendre leur fils plaider coupable.

Comme si, d’un coup, il venait de réaliser que la communauté entière, ses parents compris, allait voir l’horreur en images. 

► Rappelons que, depuis le 2 décembre 2011, les peines à vie pour meurtre peuvent être imposées de façon consécutive, ce qui signifie que Bissonnette pourrait écoper d'une peine de 150 ans de détention.

Ce qu’on a appris mercredi

Extraits de la dénonciation policière, datée du 6 février 2017, en vue d’obtenir des mandats de perquisition

Le soir du drame, Bissonnette a fait un appel au 911:  

  • Il s’identifie comme étant le tireur et dit qu’il veut se rendre
  • Il dit qu’il va se tirer une balle dans la tête
  • Il dit qu’il a un pistolet avec lui et qu’il l’a mis sur le siège arrière
  • Il pleure, dit qu’il avait deux fusils, mais qu’il ne se souvient de rien
  • Il dit qu’il va coopérer à 100 %, qu’il est tanné et qu’il veut que les policiers interviennent

La mère de Bissonnette dit aux policiers:

  • Qu’Alexandre demeurait chez ses parents depuis une semaine parce qu’il était très anxieux et instable
  • Que son médecin traitant lui avait prescrit un nouveau médicament, de l’APO-Paroxétine
  • Qu’il serait en accord avec les propos de Donald Trump concernant le blocage de toute immigration

6 VICTIMES ET 17 ORPHELINS

MAMADOU TANOU BARRY

Alexandre Bissonnette
Photo courtoisie
  • 42 ans, comptable et originaire de Guinée
  • Marié et père de trois enfants

IBRAHIMA BARRY

Alexandre Bissonnette
Photo courtoisie
  • 39 ans, informaticien et originaire de Guinée
  • Marié et père de quatre enfants

AZZEDDINE SOUFIANE

Alexandre Bissonnette
Photo courtoisie
  • 57 ans, propriétaire d’une épicerie-boucherie et originaire du Maroc
  • Marié et père de trois enfants

ABDELKRIM HASSANE

Alexandre Bissonnette
Photo courtoisie
  • 41 ans, ingénieur informatique et originaire d’Algérie
  • Marié et père de trois enfants 

KHALED BELKACEMI

Alexandre Bissonnette
Photo courtoisie
  • 60 ans, professeur à l’Université Laval et originaire d’Algérie
  • Marié et père de deux enfants

ABOUBAKER THABTI

Alexandre Bissonnette
Photo courtoisie

 

  • 44 ans, chef d’équipe chez Exceldor et originaire de Tunisie
  • Marié et père de deux enfants