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Nouvelle société d’État: Les vendeurs de pot moins bien payés que les vendeurs d’alcool?

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Les employés de l’État qui vendront du cannabis devraient être aussi bien payés que ceux qui vendent de l’alcool, croit l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

Alors que la Société des alcools du Québec (SAQ) s’apprête à engager quelque 300 employés le mois prochain pour sa filiale la Société québécoise du cannabis (SQDC), le salaire qui leur sera offert demeure inconnu.

Le Conseil du trésor n’a pas voulu révéler de détails quant aux négociations en cours avec la société d’État.

Mais on sait que Québec a refusé la proposition du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ) qui souhaitait que ses employés puissent travailler tant à la SAQ qu’à la SQDC.

Les employés de la SAQ qui voudront travailler dans une SQDC devront repasser un tout autre processus d’embauche et ils ne seront pas favorisés.

«La seule raison qui explique cette décision est la question salariale», croit le chercheur Philippe Hurteau, de l’IRIS, qui publie une fiche socioéconomique et une vidéo financée par le SEMB-SAQ sur la question jeudi.

En 2015, le salaire annuel moyen des employés de bureau ou de magasin des SAQ était d’environ 47 000 $, soit près de 24 $ de l’heure, explique l’IRIS.

«En voulant instaurer une rémunération différente, Québec risque de créer un écart de traitement.»

Pas encore d’information

L’Institut reconnaît toutefois n’avoir aucune information sur la rémunération des employés de la SQDC.

Mais s’il devait être payé l’équivalent d’un salaire moyen dans le commerce de détail, leur salaire serait plutôt de 38 000 $ ou 19 $ de l’heure, souligne M. Hurteau.

Un salaire trop bas entraînerait ainsi un haut taux de roulement du personnel, ce qui nuirait à son efficacité.

Le chercheur souligne que le taux de roulement dans le commerce au détail est de 25 %.

Fondations fragiles

Outre les conditions de travail qui risquent de différentes, l’IRIS est aussi préoccupé par deux autres aspects : la sous-traitance de la livraison et les projets-pilotes vente par le secteur privé.

«Le gouvernement veut faire en sorte que les fondations de la Société québécoise du cannabis ne soient pas très solide et qu’on puisse facilement en critiquer l’inefficacité et que surprise, dans quelques années, on en propose la privatisation», affirme le chercheur Philippe Hurteau dans une vidéo que l’Institut mettra en ligne aujourd’hui.

Il cite notamment l’article 55 qui ouvre la porte à la vente au privé en autorisant des projets pilotes à des distributeurs extérieurs au réseau de la SQDC. Par exemple, la chaîne de dépanneur Couche-Tard qui souhaite vendre du cannabis pourrait participer à ce projet.

La SQDC confiera aussi en sous-traitance son service de livraison et donc de vérification de l’identité des clients au moment de la réception du colis.

«Plutôt que d’encadré elle-même le travail de ses employés, elle devra se fier au sous-traitant [...] il y a un risque de dérapage», explique M. Hurteau qui considère que la SQDC a choisi de se déresponsabiliser.

À ce sujet, le porte-parole de la SAQ Mathieu Gaudreault souligne que le service de livraison de la boisson est lui aussi sous-traité à un tiers, soit Poste Canada. Pour le reste, la Société d’État n’a pas voulu commenter les prétentions de l’IRIS.

De son côté, la ministre responsable du projet de loi sur le cannabis, Lucie Charlebois, souligne que les projets pilotes seront à petite échelle. «Il y aura 5 projets pilotes, pas 50, pas 500, 5000 mais 5», a-t-elle insisté.

De plus, elle rappelle que l’étude de l’article 55 a été suspendue le temps de réfléchir à des propositions afin de rassurer les partis d’opposition et la population.

Quant à la conclusion du chercheur sur une éventuelle privatisation de la vente de cannabis, la ministre déléguée à la Santé publique la rejette en bloc. «Franchement, si on avait voulu mettre ça entre les mains du privé, et il y a des provinces qui l’ont fait [...] et bien on l’aurait fait. La on a créé la SQDC, donnons nous au moins ce crédit-là», a-t-elle ajouté.

 

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