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Procès du pasteur baptiste Claude Guillot: les récits des présumées victimes ont commencé

Quebec
Photo Stevens LeBlanc


De ses premières années de primaire, Adrien (prénom fictif) ne se souvient de rien, hormis qu’à plus d’une reprise, il a été frappé avec «une palette de bois de huit pouces de large par un pouce d’épais» par un Claude Guillot «qui était comme fou».

Au deuxième jour du procès du pasteur baptiste accusé d’avoir posé d’innombrables gestes de violence à l’égard de six présumées victimes sur une période de trente ans, les récits d’horreur ont commencé à se faire entendre.

En 1983, Adrien avait quatre ans lorsqu’il a commencé à fréquenter l’école La Bonne Semence à Victoriaville, un établissement scolaire «non reconnu» où les enfants devaient apprendre de façon autodidacte.

« Chaque pupitre était séparé des autres par des panneaux de bois et sur le mur devant étaient fixés les objectifs que tu devais atteindre durant la journée», a témoigné l’homme aujourd’hui âgé de 40 ans.

La discipline se faisait à l’aide de billets jaunes ou blancs «avec un système de point de démérite» qui étaient remis chaque fois qu’un élève désobéissait.

«Parler, bouger, se retourner en classe, ne pas tenir la rampe en descendant les escaliers, être assis à la cafétéria les jambes croisées ou écartées... tout était sujet à offense», a-t-il précisé.

Avant d’être frappé, on expliquait aux enfants pourquoi il y avait une punition, une prière était dite et la correction était octroyée.

Un jour, sans se souvenir pourquoi, il s’est retrouvé au sous-sol de l’école-église, là où se donnaient les corrections.

Mains au mur, fesses projetées vers l’arrière, jambes écartées, Guillot a voulu donner la fessée à l’enfant qui a résisté du haut de ses quatre ans en ne se plaçant pas comme il faut.

«Il a comme viré fou, m’a accoté dans le mur et il s’est mis à fesser, fesser, fesser... Je ne sais pas comment ça s’est fini... mais je suis sûr que j’ai eu une dizaine de coups et plus... dans mon souvenir, j’ai toujours eu le chiffre 22 en tête...», a laissé tomber l’homme en retenant difficilement ses larmes.

Jacques (prénom fictif) a aussi fréquenté l’école dirigée par Guillot et lui aussi a connu «la palette de bois».

«Il nous frappait à bout de bras. L’impact était douloureux... Un immense pincement pis après, on enflait... Après la correction, il nous serrait dans ses bras parce que selon lui, c’était fait avec amour», a-t-il dit, une pointe d’ironie dans la voix.

Récits des présumées victimes

«J’ai déjà entendu un camarade (Adrien) avoir une correction alors que j’attendais pour avoir la mienne. J’ai entendu le son de l’impact. C’était comme un coup de fusil».

- Jacques (prénom fictif), présumée victime

«On nous avait demandé une autorisation pour donner les corrections, mais on nous avait dit que ce ne serait que dans les conditions extrêmes, mais, en réalité, c’était juste pour des niaiseries».

- Jeannine (prénom fictif), mère de Adrien

«Quand j’ai commencé à parler des mauvais traitements reçus à d’autres baptistes, ils me disaient qu’il fallait que je pardonne...On me disait que ce que j’avais subi, c’était parce que j’étais un être monstrueux et que j’avais reçu ce que je méritais».

- Adrien (prénom fictif), présumée victime

 







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