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[VIDÉO - PHOTOS] Découvrez l'île Deslauriers, l'île des goélands

L'île Deslauriers, entre Varennes et Repentigny, accueille 40 000 couples de goélands à bec cerclé.



Nichée entre Varennes et Repentigny se trouve l’île Deslauriers, un bout de terre méconnu qui sert pourtant de refuge à 40 000 couples de goélands à bec cerclé, quelques bernaches et une bande de biologistes urbains.

Il est 9h du matin lorsque nous débarquons par un jour pluvieux dans le stationnement du parc de Varennes. L’endroit semble désert, sauf pour Jean-François Giroux et sa combinaison orange vif. Le directeur du Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) nous amène alors prestement dans une chaloupe, pilotée par son élève Éric, et nous fonçons vers l’île Deslauriers.

Visite de l’Île Deslauriers et de la colonie de goélands avec le professeur Jean-François Giroux. Photo Ariane Labrèche

Après une traversée qui nous a laissés trempés et le visage rougi par le vent, le bateau ralentit près des berges d’une petite bande de terre. Le son du moteur fait soudain place à une cacophonie faite des cris de milliers d’oiseaux qui tournoient dans le ciel gris ou se picossent sur la plage.

Jean-François Giroux en compagnie de deux de ses étudiantes, Anaïs et Rachel. Photo Ariane Labrèche

Les hurlements des goélands sont ici constants, deviennent le bruit de fond du travail de Jean-François Giroux et des quelques élèves qui l’accompagnent sur l’île afin d’étudier le goéland à bec cerclé, oiseau emblématique des McDonalds de la planète.

Éric, un des étudiants de Jean-François Giroux. Photo Ariane Labrèche

Si ces volatiles se plaisent à fouiller dans nos poubelles, ils préfèrent venir sur cette petite île au printemps. «C’est clair qu’il y a une abondance de nourriture en ville, mais avec leurs petits qui naissent, ils ne peuvent pas attendre que quelqu’un les nourrisse. En nichant ici, ils peuvent aller déterrer tous les vers qui sortent des champs à Varennes», explique le professeur.

Photo Ariane Labrèche

L’île Deslauriers offre donc un lieu idéal pour les jeunes couples de goélands: près des milieux agricoles ou grouillent de juteux insectes, mais tout près des sites d’enfouissement et de la métropole où traînent partout de délicieux restants de repas.

Photo Ariane Labrèche

Ici, le professeur Giroux et ses étudiants s’affairent à capturer des oiseaux afin de les baguer. Certains individus seront même dotés de petits sacs à dos, un projet de Jonathan Verreault de l’UQAM. Ces goélands seront des bio-indicateurs: en examinant en temps réel quels contaminants ont accumulé les oiseaux dépendamment d’où ils se sont rendus, les scientifiques pourront établir une corrélation entre les données GPS et toxicologiques contenues dans le petit backpack.

Mais tout d’abord, il faut réussir à attraper un goéland qui sera l’heureux porteur du gadget.

Anaïs et Rachel, deux étudiantes, en tiennent justement un sur leurs cuisses. Cagoulé, le petit oiseau se tient bien tranquille, même s’il en profite pour faire savoir son mécontentement en déféquant sur Rachel. «Bon, j’ai oublié mes autres pantalons, je vais devoir prendre le bus comme ça!, dit-elle en riant. En même temps, ça me dérange pas, ça fait partie de la job.»

Le sac installé, les deux femmes s’affairent à lui peinturer la tête de bleu. «Essaie sinon de retrouver un oiseau parmi tous ceux-là!», fait remarquer Justine, une autre étudiante.

Photo Ariane Labrèche

Les re-capturer est en effet une toute autre paire de manches : même si on recherche un goéland punk, les chances sont grandes que l’oiseau ne soit tout simplement pas là, ou difficile à trouver. Nous attendons sous une pluie de crottes et de cris, sans résultat.

Alors que j’admire le ciel rempli d’oiseaux avant de rembarquer sur le bateau, Jean-François Giroux en profite pour me rappeler l’importance de cette petite île. «Imagine, si on ne protégeait pas ça ici, et que demain matin 80 000 oiseaux allaient nicher sur les toits de centres d’achat et de tours à condos», souligne-t-il.

Photo Ariane Labrèche

La prochaine fois que vous irez au Dix30, ayez donc une pensée pour ces valeureux scientifiques de l’ombre qui assurent la propreté de nos stationnements de banlieue.


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