La France, plus prospère après la Coupe du Monde?
Hier à Paris, les Champs-Élysées étaient en liesse. Des millions de personnes sont sorties dans la rue, criant leur joie. Même à Montréal, des centaines de Français fêtaient leur victoire historique, la deuxième en vingt ans.
Ce matin, le journal Le Figaro titrait «Le jour de gloire est arrivé». Et quelle gloire! Celle d’une jeune équipe qui a su collectivement se démener et représenter son pays.
Mais au-delà du jeu, quelles répercussions peut avoir une victoire en Coupe du Monde?
L’impact économique
En 1998, quand Zidane a apporté sa première Coupe à la France, la croissance a augmenté de 1,3 point sur l’année suivante. Cette donnée n’est pas près de se répéter en 2018.
À l’époque, la France était organisatrice de la compétition et les conditions économiques internationales étaient plus favorables.
Néanmoins, il reste un certain impact sur la croissance.
Pour 2018, certains spécialistes parlent d’une augmentation de 0,1 point de la croissance française.
Cette hausse est liée à l’engouement que crée le tournoi. La consommation des ménages augmente sur toute la période de la compétition, puis perdure en cas de victoire.
Toutefois, cet impact n’est que très relatif puisqu’il souffre de l’effet de substitution. En bref, la consommation d’un bien ou service engendre qu’un autre bien ou service n’est pas consommé.
Regarder le match au bar fait qu’on ne va pas au cinéma.
De même, l’exploit pourrait avoir un effet positif sur les investissements étrangers. L’image du vainqueur rayonnerait plus auprès des investisseurs, ce qui jouerait en sa faveur.
L’impact social
Tout évènement qui atteint un pays dans sa totalité, surtout quand il est positif, renforce sa cohésion sociale. Vivre ensemble une victoire mémorable, la fêter ensemble et en garder un souvenir collectif conforte l’unité populaire.
D’abord, la bonne humeur des ménages sort accrue d’une Coupe du Monde gagnée. En juin, le moral des familles françaises était au plus bas depuis l’été 2016. Nul doute que cette victoire améliore la situation.
De même, les divisions sociales qui font les manchettes dans l’Hexagone se rétracteront au moins pour un moment. C’est ce qui a eu lieu en 1998 quand on a célébré la France «black-blanc-beur», soit un pays uni sans distinction ethnique.
Il serait bienvenu qu’une relative paix sociale ressorte de cette victoire fédératrice.
L’impact politique
La politique est une longue histoire d’instrumentalisation. Saisir le moment pour se magnifier et s’approprier la grandeur, voilà qui résume parfaitement la fonction.
En 1998, Jacques Chirac, alors président de la République française, s’était ingéré dans l’épopée footballistique, se montrant avec les joueurs et fêtant cette culture populaire qui s’avère aussi un outil de communication redoutable.
Suite à la Coupe du Monde, Chirac avait gagné 18 points dans les sondages.
De même, on a vu hier Emmanuel Macron sauter de joie sur un cliché qui entrera dans les annales et partager des accolades amicales avec les joueurs.
Si sa cote de popularité était en recul avant la compétition, elle pourrait bien souffler un peu après la victoire.
Ira-t-il jusqu’à profiter de l’euphorie générale pour imposer des lois impopulaires? Peut-être.
En 2010, l’Espagne gagnait la Coupe du Monde avec Iniesta et Xavi, le gouvernement imposait l’austérité, et le peuple se mettait en grève générale.
L’euphorie virtuelle est vite rattrapée par le principe de réalité.
Une chose est sure, le soccer influence réellement la vie des gens ordinaires.
L’entraineur mythique Bill Shankly disait «le football n’est pas une question de vie ou de mort, c’est bien plus important que cela».
Hier, les Français l’approuvaient avec ferveur.