Les étudiants saoudiens ciblés par un régime «téméraire» et «prêt à aller jusqu'au bout»
Riyad a intensifié la querelle diplomatique qui l’oppose à Ottawa, lundi, en décidant de relocaliser les étudiants saoudiens au Canada, une décision critiquée par le fédéral et jugée «téméraire» par des experts.
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«Ça s’ajoute à une série de choix diplomatiques irrationnels et téméraires du régime sous le prince héritier Mohammed ben Salmane», a analysé la spécialiste du Moyen-Orient à l’Université de Waterloo, Bessma Momani.
Pour le professeur de sociologie à l’UQAM, Rachad Antonius, l’Arabie saoudite envoie le message à la communauté internationale qu’elle est «prête à aller jusqu’au bout» pour faire taire les critiques à son endroit.
La télévision d’État saoudienne, Al-Ekhbariya, a rapporté lundi que le régime suspendait les bourses de ses étudiants au Canada et qu’il les relocaliserait dans d’autres pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, selon l’Agence France-Presse. Pas moins de 7000 étudiants seraient touchés.
Une décision «dévastatrice»
Mme Momani croit que la décision sera «dévastatrice» pour les jeunes visés. «Ce sont les futurs influenceurs de la société saoudienne. Plusieurs d’entre eux deviennent d’importants activistes pour les droits humains dans leur pays», a-t-elle expliqué.
Parmi une dizaine d’associations d’étudiants saoudiens au Canada contactées lundi, aucune n’a répondu aux questions de l’Agence QMI.
«Les étudiants sont très surveillés par des représentants du gouvernement saoudien. S’ils ne se comportent pas comme il faut, ils peuvent se faire retirer leur bourse», a souligné M. Antonius.
En conférence de presse à Vancouver, la ministre canadienne des Affaires étrangères a déploré la récente décision du royaume musulman et a tenu à envoyer un message aux étudiants. «Vous êtes les bienvenus au Canada. [...] Ça serait dommage de priver ces étudiants du droit d’étudier ici», a commenté Chrystia Freeland.
La ministre a déclaré que le Canada continuerait de défendre les droits humains dans ses relations internationales. Elle a également précisé que l’ambassade du Canada en Arabie saoudite resterait ouverte.
Dans les universités québécoises
Selon une note de recherche publiée l’an dernier par l’Institut du Québec, il y avait, en décembre 2015, 11 682 étudiants saoudiens au Canada, dont 505 au Québec, soit une proportion de 4,3 %.
L’Université McGill comptait 327 étudiants de l’Arabie saoudite inscrits en 2017-2018. L’institution montréalaise ne connaît pas encore l’incidence que pourrait avoir la décision saoudienne.
L’Université Laval, qui dit surveiller la situation de près, a chaque année une dizaine d’étudiants saoudiens. De son côté, l’UQAM en dénombre deux et compte communiquer rapidement avec eux.
L’Université Concordia, l’Université de Montréal et l’Université de Sherbrooke n’ont pas été en mesure de faire état de la situation chez elles, lundi.