Accro au pot, il restera agent correctionnel
OTTAWA | Un agent correctionnel maître-chien qui fumait jusqu’à 10 joints par jour et transportait son cannabis dans un véhicule du gouvernement sera réembauché, après que le tribunal a jugé son licenciement d’« excessif ».
La dépendance au cannabis de l’agent Martin Nadeau représente une « déficience » dont Services correctionnels Canada (SCC) aurait dû tenir compte avant de le congédier de son poste à l’Établissement de sécurité maximale Donnacona, en novembre 2013, selon un arbitre en droit du travail.
« Gratteux de guitare »
L’agent s’est pourtant lui-même incriminé auprès de ses collègues et patrons, se décrivant comme un « gratteux de guitare » adepte de l’herbe euphorisante dans ses temps libres pour stimuler sa créativité. Un aveu qui lui a fait perdre son emploi, puisque la direction de l’établissement a jugé que l’activité récréative illégale est incompatible avec le travail de gardien de prison.
M. Nadeau a l’habitude de fumer du pot depuis le cégep, peut-on lire dans un jugement de la Commission des relations de travail du Canada du 13 avril dernier.
C’est après une dispute avec un collègue de travail que l’homme comptant 18 années de service a semblé perdre le contrôle, grillant environ 15 joints par semaine et parfois 10 en une seule journée, sans toutefois se présenter intoxiqué au boulot.
Son employeur a surtout été contrarié, car M. Nadeau achète sa marijuana au marché noir, chez un ami, à Cowansville, en Montérégie, le rendant vulnérable aux menaces du crime organisé.
Il revenait alors de ses voyages chez son vendeur avec son cannabis dans son véhicule pour maître-chien, qui est autorisé par la loi à transporter diverses drogues pour l’entraînement de l’animal. L’exposition du chien renifleur à son odeur de pot représente aussi un manquement grave, selon l’employeur.
Aller chercher de l’aide
Dans son ordonnance, l’arbitre Steven B. Katkin convient que ces fautes méritent une sanction disciplinaire, mais croit qu’une suspension de six mois sans solde aurait été suffisante pour M. Nadeau.
« Le défaut de l’administrateur général de tenir compte de la déficience du fonctionnaire [sa dépendance au cannabis] et d’envisager des mesures d’adaptation à son égard est discriminatoire », écrit-il.
Depuis, M. Nadeau a reconnu son problème de toxicomanie, a sollicité l’aide d’un programme pour employés et a été traité lors d’une cure fermée. Sa dernière consommation remonte à avril 2014, assure-t-il.
SCC entend respecter la décision rendue. Dans un courriel, l’institution précise que « tous les employés doivent se comporter d’une façon qui projette une bonne image professionnelle. [...] Un employé commet une infraction s’il se conduit d’une manière susceptible de jeter le discrédit sur le Service, qu’il soit de service ou non. »
►L’agent Martin Nadeau a décliné la demande d’entrevue du Journal.