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L’état du pont de Québec fait peur à un expert

Les gouvernements continuent malgré tout à se faire rassurants

Deux travailleurs s’affairant à la réparation temporaire de la structure sur l’approche nord-est du pont.
Photo courtoisie Deux travailleurs s’affairant à la réparation temporaire de la structure sur l’approche nord-est du pont.

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Le pont de Québec ne résisterait probablement pas à un gros tremblement de terre, à une tempête de verglas ou à un déraillement de train, selon l’ingénieur à la retraite et architecte naval Jean Hémond.

« Le pont est en fin de vie. Combien il lui reste de temps ? On ne le sait pas. S’il arrive une catastrophe comme une tempête de verglas, un tremblement de terre de force 7 ou un accident de train ou de bateau, il est fort probable que le pont n’existera plus », a soutenu M. Hémond.

L’amorce « fort probable » d’une fissure sur une barre interne de l’ancrage nord-est. « De telles situations pourraient vraisemblablement être découvertes aux endroits exposés à la concentration des contraintes sur d’autres composantes », estime Jean Hémond. 
Photo courtoisie
L’amorce « fort probable » d’une fissure sur une barre interne de l’ancrage nord-est. « De telles situations pourraient vraisemblablement être découvertes aux endroits exposés à la concentration des contraintes sur d’autres composantes », estime Jean Hémond. 

Ce dernier s’est fait connaître du grand public en avril 2017, après avoir pris des clichés alarmants de la rouille et des déformations de l’ouvrage patrimonial centenaire.

Jean Hémond admet qu’il y a eu plusieurs travaux correctifs du Canadien National (CN) et du ministère des Transports du Québec (MTQ), ces derniers mois, sur le pont. « Mais le pont est en train de tordre, a-t-il insisté. Il est rendu en phase plastique. Il n’y a plus de marge de sécurité. Ce pont est déformé. S’il était un être humain, je dirais qu’il a une arthrite déformante. Il faut le mettre à la retraite. »

« Ici un voilage et une ouverture en portefeuille entre les rivets des tôles des quatre membrures en K, celles adjacentes aux poteaux principaux. Cette observation porte à croire que la structure des membrures en K et les poteaux principaux plieraient sur le rebord du tablier routier rigide comme un coin de table », ajoute-t-il.
Photo courtoisie
« Ici un voilage et une ouverture en portefeuille entre les rivets des tôles des quatre membrures en K, celles adjacentes aux poteaux principaux. Cette observation porte à croire que la structure des membrures en K et les poteaux principaux plieraient sur le rebord du tablier routier rigide comme un coin de table », ajoute-t-il.

D’ici là, pour réduire les risques, l’ingénieur suggère que les lourds trains de marchandises arrêtent de circuler sur le pont aux heures de pointe du trafic routier.

Par ailleurs, l’ingénieur ne comprend pas que le CN, propriétaire du pont depuis 1993, ne rende pas publics ses rapports d’inspection de la structure.

Sécuritaire, disent les autorités

De leur côté, les deux paliers de gouvernement se sont de nouveau voulus rassurants.

Des plaques de renforcement ajoutées l’an dernier par le MTQ.
Photo courtoisie
Des plaques de renforcement ajoutées l’an dernier par le MTQ.

Au MTQ, le porte-parole Guillaume Paradis a soutenu que « le pont de Québec, sur lequel passent 35 000 véhicules chaque jour, est sécuritaire. Quand on a des doutes sur la solidité ou la sécurité d’une structure, on n’hésite pas à poser les gestes nécessaires même s’ils sont impopulaires (comme la fermeture de voies de circulation) ».

Au cabinet du ministre des Transports du Canada, Marc Garneau, Delphine Denis a également signalé que « des experts techniques ont confirmé que la sécurité du pont de Québec n’a jamais été remise en question [...] Transports Canada a rencontré la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) à la mi-octobre 2017, et les renseignements fournis au ministère étaient satisfaisants à ce moment-là ».

Le propriétaire

Chez le CN, le porte-parole Jonathan Abecassis a juré que « le pont est sécuritaire, sinon il serait fermé ».

Pourquoi ne pas rendre publics les rapports d’inspection de la structure réalisés par le CN ?

« Nous partageons les résultats de nos inspections avec les gouvernements, et ces derniers peuvent procéder aux vérifications qu’ils jugent nécessaires », a répondu M. Abecassis.

— Avec la coll. de Jean-Luc Lavallée et de Patrick Bellerose

 

De vives réactions

« Pour le pont de Québec, qui est capable de me signer un rapport pour me dire qu’il ne tombera pas dans les dix prochaines années ? J’attends la personne qui va me signer ça. » — Régis Labeaume, maire de Québec (en entrevue au FM93 lundi).

« La sécurité du pont, c’est l’affaire des gouvernements, autant du fédéral que du provincial. Je suis d’accord avec le maire pour dire qu’il faut avoir l’heure juste. Par contre, le CN est un partenaire régional important et je ne pense pas que c’est en le traitant de tous les noms qu’on va arriver à quelque chose. » — Jean-François Gosselin, chef de Québec 21.

« C’est scandaleux que le gouvernement fédéral, dont c’est la responsabilité et qui avait pris des engagements, continue à jouer avec les délais et à ne rien faire. » — Jean-François Lisée, chef du Parti québécois, interrogé sur la peinture du pont de Québec.

 

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