Des promesses comme des «applications»
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[AVERTISSEMENT : ceci est un texte de blogue]
Un lecteur du Journal m’écrivait ceci hier :
«Est-ce que c’est moi ou la campagne électorale est terriblement plate? On vise tellement des petits segments de l'électorat que ça frise l'insignifiance. Il n’y a aucun rêve pour la nation entière, juste des petits arrangements.»
Il est sévère, mais soulève un point intéressant.
Faire le lunch de nos enfants, donner aux parents une deuxième carte d’assurance maladie, etc. on donne en effet souvent dans la microgestion pendant cette campagne.
J’écoutais mon amie Josée Boileau hier matin dire avec à propos qu’il est étrange que le parti qui nous parlait jadis de créer un pays en soit réduit à ce type de micro-engagement.
En effet, à ce rythme, bientôt, un parti nous promettra de venir nous faire couler un bain, sortir les vidanges, tondre notre gazon...
On a une applications pour ça
Au fond, plusieurs des mesures annoncées s’apparentent de à des applications de nos appareils informatiques.
Un problème? Un souci? Une difficulté? On a une application pour ça! (Remplacez ici le mot application par promesse.)
D’ailleurs ce matin,
le PQ promet carrément de «créer une application mobile pour le covoiturage gérée par l’État».
Éclatement de la nation
Comment nous en sommes arrivés là?
Mes hypothèses:
Plusieurs y verront l’effet du manque d’imagination des appareils partisans, mais je ne crois pas que ce soit l’unique cause.
En fait, les partis s’ajustent à une nouvelle donne; et on sait à quel point ils sont efficaces à faire ce type de lecture.
Et la nouvelle donne est déterminée par quoi? L’Internet, les médias sociaux: tout cela a fait éclater la conversation nationale et la nation elle-même en différents segments et sous-segments.
Les grands rendez-vous médiatiques —le journal du matin, l’émission radiophonique matinale, le journaux télévisés du soir— existent encore, mais attirent des auditoires moins grands et vieillissants. Ils ont donc beaucoup moins d’effet.
Chacun se retrouve de plus en plus dans sa petite niche d’information. Et on sait que notre vision collective est déterminée par nos niches.
Il est de bon ton d’accuser les politiciens d’être déconnectés. Eh bien je crois que ce sont les citoyens qui le sont de plus en plus.
Permettez de répéter :
vous, citoyens, êtes totalement déconnectés.
Voilà pourquoi les partis cherchent à vous rejoindre dans votre niche, grâce à de petites «promesses-applications».
Cercle vicieux
Cela engendre toutefois un cercle vicieux: nous trouvons que ces promesses étriquées manquent de «oumf», de panache, de rêve, d’horizon.
Nous concluons que la politique est «plate» et nous retournons à notre petite niche d’intérêt.
Bref, on est malpris. Comment en sortir selon vous?