ALENA: pas d’entente avec les Américains au terme d’un blitz de négociations
Il n’y a pas encore un bon accord de libre-échange sur la table, selon le Canada
OTTAWA | Le blitz de négociations entamé cette semaine à Washington n’a pas permis au Canada et aux États-Unis de s’entendre sur l’ALENA à l’intérieur du délai imposé par le président Donald Trump.
«Nous ne sommes pas encore tout à fait là», a affirmé vendredi la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, à l’issue d’une quatrième journée de discussions avec les négociateurs américains.
Les pourparlers devraient se poursuivre mercredi.
«Quand il y a aura une bonne entente pour le Canada, nous aurons terminé», a ajouté la ministre, précisant qu’un bon accord est «à notre portée».
Pendant ce temps, le président américain a avisé le Congrès qu’il compte signer l’accord conclu lundi avec le Mexique. Cette entente pourrait inclure le Canada «s’il le veut», a indiqué M. Trump dans son avis d’intention.
Gestion de l’offre
Le président avait demandé à ce que les négociations se terminent vendredi. Après des jours de négociations «extrêmement intenses», plusieurs points litigieux restent toutefois en suspens.
Les deux pays ne se sont pas encore entendus sur les dossiers de la gestion de l’offre et du mécanisme de règlement des disputes, que les États-Unis veulent voir abolis.
La ministre Freeland n’a pas précisé où en étaient les pourparlers sur ces enjeux précis, refusant de négocier en public. Interpellée sur la gestion de l’offre, elle a néanmoins évoqué d’éventuelles concessions.
«Nous comprenons que pour finir la négociation, il faudra trouver des compromis», a dit Mme Freeland.
Alors qu’au Québec les chefs de partis en campagne électorale ont fait front commun pour exiger la protection de la gestion de l’offre, Justin Trudeau a tranché vendredi matin que son gouvernement ne céderait pas.
«Nous n’allons pas éliminer la gestion de l’offre», a-t-il affirmé en point de presse à Oshawa, en Ontario.
Controverse
Des propos controversés du président Trump révélés par le quotidien Toronto Star ont jeté une douche froide sur les pourparlers vendredi matin.
Selon des commentaires tenus à micro fermé lors d’une entrevue avec la chaîne Bloomberg, M. Trump aurait avoué être fermé à tout compromis sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), mais que le dire publiquement serait trop «insultant» pour le Canada. Il a même prétendu qu’il montrait une photo d’un Chevrolet Impala, une voiture assemblée en Ontario, chaque fois qu’il avait un problème avec des demandes canadiennes dans les négociations.
Dans un tweet, M. Trump a confirmé lui-même les informations du Toronto Star.
«Wow, j’ai fait des commentaires à micro fermé à Bloomberg au sujet du Canada, et cet accord important a été violé de manière flagrante. Eh bien, encore un reportage malhonnête. Je suis habitué. Au moins, le Canada connaît ma position!» a-t-il écrit.
Questionnée à ce sujet, la ministre Freeland est demeurée très prudente.
«L’ambassadeur Robert Lighthizer et son équipe travaillent de bonne foi», a-t-elle offert à plusieurs reprises.