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Il se bat contre le haut taux d’analphabétisme

Un homme de la région veut aider les milliers de Québécois qui ne savent pas lire ni écrire à sortir de l’isolement

​Daniel Beausoleil (au centre) a marché samedi avec une trentaine d’autres personnes afin de sensibiliser la population aux préjugés touchant les analphabètes. 
Photo didier debusschère ​Daniel Beausoleil (au centre) a marché samedi avec une trentaine d’autres personnes afin de sensibiliser la population aux préjugés touchant les analphabètes. 

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Un homme de Québec qui n’a pas eu la chance, jeune, d’apprendre à lire et à écrire lance un cri du cœur pour lutter contre le taux alarmant d’analphabètes.

Daniel Beausoleil aimerait que chacun des 800 000 analphabètes que compte le Québec ait la chance de s’instruire et de sortir, pour plusieurs, du cercle de la pauvreté, même s’il sait ce rêve difficile à réaliser.

Mais au minimum, ces personnes devraient avoir le droit de vivre dignement. Trop souvent, elles « restent chez elles », déplore-t-il.

Pourquoi cela ? « C’est la peur. La peur d’être jugé, la peur d’être méprisé, la peur qu’on se moque d’eux », précise l’homme de 60 ans qui organisait, samedi, une marche entre Beauport et Charlesbourg pour marquer la journée internationale consacrée à l’alphabétisation de la société.

La tête haute

M. Beausoleil en sait quelque chose. Il a souffert d’un manque d’oxygène à la naissance parce qu’il avait le cordon enroulé autour du cou. À l’école, il s’est buté à de grandes difficultés et il a été placé dans des établissements spécialisés où on lui a appris la cuisine et le théâtre plutôt que les rudiments de la lecture et de l’écriture, regrette-t-il.

Encore aujourd’hui, il peine à lire un menu au restaurant ou à descendre au bon arrêt d’autobus. Depuis quelques années, cependant, il suit des cours d’alphabétisation et il ne se considère plus comme un analphabète.

« Je sais lire un petit peu, mais pas à 100 % », dit-il.

Même si la peur d’être jugé le ronge encore parfois, Daniel Beausoleil préfère maintenant la combattre et faire avancer la cause des analphabètes du Québec.

« Un jour, ils vont sortir de chez eux. Un jour, ils vont sortir la tête haute. Ils vont sortir positifs, motivés. Ces personnes-là sont toutes comme nous autres », a lancé l’homme, avec beaucoup d’émotion, au moment de s’adresser aux participants de la marche.

Tendre la main

Loin de se laisser abattre par la participation modeste – une trentaine de personnes y ont pris part –, Daniel Beausoleil a saisi l’occasion pour demander à tout un chacun de tendre la main aux personnes ayant des problèmes de littératie.

L’occasion semblait rêvée, également, pour envoyer un message à la classe politique pour qu’ils s’intéressent à la problématique. « Ils n’en parlent pas assez », juge-t-il.

Son enseignante en alphabétisation abonde dans le même sens.

« Je pense que, de façon générale, les propos qui sont véhiculés dans les campagnes électorales reflètent les intérêts de la population », explique Valérie Lafleur. Or, « la population est peu consciente de ce problème-là ».

Pourtant, les enquêtes sur la littératie démontrent qu’un adulte sur deux, au Québec, et à divers degrés, a des difficultés à lire. « Si on parlait d’un autre type de problématique au Québec, ce serait un problème national », croit Mme Lafleur.

Marcel Fortier, qui a appris à surmonter un trouble du langage, la dyslexie et un déficit d’attention, plaide pour sa part pour que l’on s’attaque à cette question « par la base » et pour que chaque enfant qui éprouve des difficultés d’apprentissage fasse l’objet d’un suivi adéquat dans le milieu scolaire.

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