L’Amazon du cannabis suspend ses services pour les Québécois
Critiquée pour un événement promotionnel survenu à Montréal la semaine dernière, la compagnie Namaste Technologies, qui dit vouloir devenir l'Amazon du cannabis, a suspendu ses services pour les Québécois, a appris Le Journal.
«Nos infirmières praticiennes ne voulaient pas inquiéter leurs collègues du Québec alors pour l’instant nous avons volontairement suspendu nos services au Québec», a confirmé au Journal le PDG de Namaste Sean Dollinger.
La semaine dernière, lors d’une soirée privée au New City Gas au cours de laquelle Snoop Dogg (DJ Snoopadelic) se produisait sur scène, des mannequins déguisées en infirmières faisaient remplir des formulaires.
Ce formulaire permettait aux personnes de s’inscrire pour obtenir un rendez-vous par Skype avec une infirmière praticienne ontarienne afin de recevoir une prescription du cannabis thérapeutique en «dix minutes».
Les infirmières praticiennes ontariennes peuvent prescrire du cannabis aux Canadiens depuis 2017. Les infirmières praticiennes québécoises ne sont toutefois pas autorisées à le faire.
Lorsque la filiale de Namaste, Cannmart, obtiendra sa licence de vente, les patients auront accès à une plateforme leur permettant de magasiner et d’acheter les produits de plusieurs producteurs de cannabis autorisés.
Pour l’instant, Namaste a des ententes avec une dizaine de producteurs autorisés au Canada, mais espère aller en chercher une centaine.
Rendez-vous annulés
Depuis quelques jours, des Québécois qui s’étaient inscrits ont vu leur rendez-vous avec l’infirmière praticienne être annulé, a constaté Le Journal.
«Nous allons regarder la possibilité de faire équipe avec les cliniques locales aux Québec», M. Dollinger.
Dans la foulée de la soirée promotionnelle de Namaste, la Société québécoise du cannabis (SQDC) avait dénoncé leur méthode de recrutement et leur modèle d’affaires et jugé la situation «inacceptable». La porte-parole Linda Bouchard avait rappelé que la SQDC était le seul vendeur de cannabis autorisé au Québec.
La Société avait aussitôt averti ses propres fournisseurs dont certains étaient aussi des partenaires de Namaste. «On ne peut pas avoir un de nos partenaires associés à un tel événement tout en faisant affaire la SQDC», avait expliqué au Journal Mme Bouchard.
Le Journal a appris que le fournisseur ontarien Aphria, dont les produits se trouveront sur les tablettes des SQDC, a aussitôt mis fin à son contrat avec Namaste.
«Nous n'avions aucune connaissance préalable des récentes activités de marketing promotionnel de Namaste Technologies, et nous ne les tolérons pas», a expliqué le directeur des communications, Andrew Swartz.
Un autre fournisseur de la SQDC Tilray a aussi annulé son contrat avec la compagnie ontarienne.
«J’insiste sur le fait qu’on ne voulait pas compétitionner la SQDC, précise le PDG de Namaste M. Dollinger. Nous ne sommes pas dans le marché récréatif.»
Promotion bientôt illégale
Rappelons que le ministère de la Santé évalue la possibilité de mettre l’entreprise à l’amende pour avoir distribué des accessoires pour fumeurs comme du papier à rouler lors de la soirée au New City Gas, ce qui est interdit par la loi sur le tabac.
Sur place, des articles promotionnels étaient aussi distribués aux invités comme des casquettes et des T-shirts avec la marque Namaste, mais aussi des vaporisateurs à cannabis et des égreneurs, ce qui contreviendra à la loi provinciale sur le cannabis qui sera en vigueur en octobre.
Santé Canada a été mis au courant et effectue actuellement «un suivi» auprès d’eux pour les interdictions concernant les activités promotionnelles qui entreront en vigueur en octobre.
Namaste avait également été critiquée pour avoir utilisé des infirmières sexy pour faire la promotion du cannabis thérapeutique. M. Dollinger avait présenté ses excuses quelques jours plus tard et a reconnu que cela était de mauvais goût.